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Le site ukrainien de chasse aux sorcières rouvre et révèle plus de données de journalistes

Le site nationaliste ukrainien qui a été condamné par plusieurs organisations internationales pour avoir révélé les informations personnelles de plus de 4 000 journalistes ayant couvert le conflit dans l’Est de l’Ukraine, en a ajouté 1 400 de plus.

«Nous avons constaté l’intérêt et les discussions que la [première] publication a provoqués. Plusieurs journalistes ont demandé des excuses et nous avons finalement compris pourquoi. Notre personnel présente ses excuses puisque la liste diffusée n’était pas mise à jour», lit-on dans un communiqué figurant sur le site.

D’après le site controversé intitulé Mirotvorets, la nouvelle liste est datée de février 2016 et elle comprend 5 412 dossiers dont 2 082 sont les données de journalistes russes et 1 816 de représentants des médias d’autre pays, dont AP, AFP, Reuters, BBC, CNN, CCTV, Al Jazeera, RT, Deutsche Welle, The New York Times et Vice News.

Au début du mois de mai, la publication de 4 067 noms de représentants des médias qui ont travaillé sur le territoire de la République autoproclamée de Donetsk au cours de ces dernières deux années, ainsi que leurs données personnelles, a provoqué de très vives réactions. Les journalistes ont exprimé leur stupeur, tout en demandant d’enquêter sur cette affaire.

Le représentant de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) Dunja Mijatovic a qualifié la publication des employés des médias de «mesure alarmante susceptible de mettre en danger encore plus la sécurité des journalistes». Une inquiétude provoquée par le fait que certains journalistes de la liste diffusée ont déjà reçu des menaces, a-t-elle indiqué. C’est en effet le même site qui avait publié les informations personnelles du journaliste ukrainien Oles Bouzina, assassiné à son domicile, le 16 avril 2015, à Kiev.

Les activités du site ont aussi été critiquées par la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe Maria Zakharova, qui les a qualifiées d’«appel direct aux représailles envers les journalistes». Les autorités de Donetsk ont promis d’aborder cette question et d’exiger le blocage de l’accès au site, au cours de la réunion du Groupe de contact à Minsk. 

Selon plusieurs estimations, les données ont été obtenues par des «hackers patriotes» qui les ont volées aux autorités du Donbass via les réseaux informatiques. Suite au tollé international, Kiev a entamé une enquête pénale pour violations présumées de la vie privée. Le site Mirotvorets avait ensuite annoncé la cessation de son travail, jusqu’à sa réactivation ce jeudi 19 mai.

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