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La liste des journalistes ayant travaillé dans l’Est de l’Ukraine n’est plus consultable

La liste des noms des journalistes étrangers ayant couvert le conflit dans la République autoproclamée de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, publiée sur le site nationaliste ukrainien Mirotvorets, a finalement été retirée du site.

La commissaire ukrainienne pour les droits de l’homme, Valeria Lutkovskaïa, avait exigé que les institutions juridiques bloquent l’accès au site «Mirotvorets», dans la mesure où la publication de données personnelles de milliers de journalistes violait la Constitution et les lois de l’Ukraine sur «la défense des données personnelles» et de «l’information».

La liste révélait les données personnelles de 4067 journalistes accrédités par les autorités de la République autoproclamée de Donetsk pour couvrir le conflit dans l’Est de l’Ukraine. Des journalistes travaillant pour des médias internationaux, y compris français, ont eu leur nom dévoilé dans la liste. Y figuraient également des correspondants du groupe RT.

De nombreuses associations professionnelles de journalistes avaient alors condamné cette publication en estimant que les journalistes mentionnés étaient mis en danger. C’est en effet le même site qui avait publié les informations personnelles du journaliste ukrainien Oles Bouzina, assassiné à son domicile, le 16 avril 2015, à Kiev.

Reporter sans frontières condamne la publication

L’organisation non gouvernementale Reporter sans frontières (RSF) a fermement condamné la publication des données personnelles des milliers de journalistes internationaux.

«Dans un contexte aussi tendu, cet amalgame absurde expose les journalistes à de réels dangers : nombre d'entre eux ont immédiatement reçu des menaces. Mais c'est aussi leur capacité à couvrir le conflit et la vie dans les territoires rebelles qui est mise en cause. Cette atteinte insupportable à la liberté de l'information doit être traitée avec le plus grand sérieux», a déclaré le responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF.

Sur un communiqué publié sur son site, RSF rappelle que «travailler à l’intérieur des régions de Donetsk et de Lougansk ne peut en aucun cas être considéré comme un signe de soutien aux positions des séparatistes», soulignant que «la couverture d’un conflit nécessite une présence des deux côtés de la ligne de front pour arriver à reconstituer la représentation la plus fidèle possible des réalités du terrain».

Parce qu’ils avaient été accrédités par les autorités de la République autoproclamée de Donetsk, le site nationaliste ukrainien avait en effet pointé du doigt les journalistes en les qualifiant de «complices des terroristes».

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