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Les données personnelles de journalistes ayant travaillé dans l'Est de l'Ukraine divulguées

Un site nationaliste ukrainien a publié les informations personnelles de milliers des journalistes internationaux ayant travaillé dans l’Est de l’Ukraine, les mettant potentiellement en danger, selon plusieurs associations professionnelles.

Dans la liste publiée sur le site nationaliste ukrainien Mirotvorets (Pacificateur) figurent les données personnelles, notamment les adresses et les numéros de téléphone, de 4 067 journalistes. Alors qu’ils avaient été tous accrédités par les autorités de la République autoproclamée de Donetsk pour couvrir le conflit dans l’Est de l’Ukraine, les auteurs du site les pointent du doigt en les qualifiant de «complices des terroristes».

Parmi ces noms, on retrouve des journalistes travaillant pour des titres internationaux, y compris des médias français. Ainsi, la liste comprend des correspondants de l’AFP, de France24, du Figaro, du Monde, de Libération, de BFM, d’iTélé. Y figurent également des employés du groupe RT.

L'indignation des journalistes

De nombreuses associations professionnelles de journalistes ont condamné cette publication en estimant que les personnes mentionnées étaient mises en danger. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a désapprouvé la manœuvre ainsi que le soutien d’un député ukrainien, Anton Gerastchenko, ayant fait la publicité de ce site sur sa page Facebook. «Pour le moins, cette publication pourrait être comprise comme un appel à peine voilé à les prendre pour cible», a déclaré Nina Ogianova, coordonnatrice du programme du CPJ en Europe et en Asie centrale.

Dans le même temps, un groupe de journalistes internationaux a signé une pétition condamnant la révélation de leurs informations personnelles, en soulignant qu’il s’agissait d’une violation des lois et de la Constitution de l’Ukraine, ainsi que de la Convention européenne des droits de l’Homme.

La porte-parole officiel du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a souligné que «les droits et libertés de milliers de personnes» avaient été violés suite à cette révélation. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le département d’Etat américain l’ont également condamnée.

Pour se rendre compte de l’ampleur de la menace faite aux journalistes, il est important d’indiquer qu’il s’agit du même site qui a publié des informations personnelles concernant le journaliste ukrainien Oles Bouzina avant son assassinat à son domicile le 16 avril 2015, à Kiev.