«J'ai besoin d'aide», le plaidoyer de Sophie Grégoire-Trudeau suscite la polémique au Canada
Après avoir affirmé qu'elle avait besoin de plus de personnel pour l'assister dans son nouveau rôle d'épouse de Premier ministre, Sophie Grégoire-Trudeau provoque une vraie controverse au Canada : caprice ou demande légitime ?
«J'ai trois enfants à la maison et un mari qui est Premier ministre. J'ai besoin d'aide. J'ai besoin d'une équipe pour m'aider à servir les gens», a confié Sophie Gégoire-Trudeau au quotidien francophone Le Soleil dans son édition du 9 mai dernier. Des propos qui ne servent pas vraiment leur auteur car ils ont suscité une véritable polémique sur les réseaux sociaux.
La femme du Premier ministre canadien a affirmé être totalement débordée par la charge de travail que lui impose son nouveau rôle de «première dame» : soutien à des œuvres de charité, discours, réponse aux nombreuses lettres qui lui sont adressées... Une seule assistante ne serait pas suffisante pour lui permettre de répondre à toutes les sollicitations.
Mais en réclamant davantage de personnel, Sophie Grégoire-Trudeau a suscité une violente critique de l'opposition et les sarcasmes des internautes. Le financement de toute augmentation de personnel serait imputé au budget de l’Etat et se ferait donc aux frais du contribuable. Mais de nombreux détracteurs font également remarquer que la femme du prédécesseur de Justin Trudeau se contentait très bien d'une seule assistante. «Avec ce type de déclarations Sophie Grégoire-Trudeau nous montre qu'elle est déconnectée de la réalité des femmes canadiennes», déplore Niki Ashton, un député de l'opposition.
Le débat est vif au Canada, où, contrairement aux Etats-Unis et comme en France, «la première dame» n'a pas de rôle officiel, reconnu dans le fonctionnement de l’Etat. Il est donc difficile de justifier une allocation de personnel pour assister dans ses tâches la femme du chef de l'exécutif canadien.
Mais dans le même temps, toute une partie de la presse a choisi de défendre la première dame, comme le journal Toronto Star, qui a publié dans son édition du 15 mai un éditorial intitulé Sophie Grégoire-Trudeau devrait avoir toute l'aide dont elle besoin pour remplir son rôle.
La twittosphère s'est aussi emparée du sujet, comme souvent avec humour et ironie, avec les hashtag #prayForSophie et #JesuisSophie, mais de temps à autres, elle s'interroge aussi sur le machisme sous-jacent qui pourrait animer les critiques formulées à l'encontre de Sophie Trudeau.
Someone should tell Sophie Canada already has a Queen#jesuisSophie#prayforsophie#cdnpolihttps://t.co/7HXnVmWaKB
— Mark (@twitmadin) 12 mai 2016
«Quelqu'un devrait dire à Sophie que le Canada a déjà une reine. #JeSuisSophie», tweete cet internaute en référence à la Reine Elizabeth II, qui règne toujours sur le Canada.
We should have a telethon to raise money to get Sophie Trudeau the help she needs. #PrayForSophie#SophieStrongpic.twitter.com/IyUJDDwUs9
— Stephen Taylor (@stephen_taylor) 12 mai 2016
Cet utilisateur de Twitter tourne en dérision le coût que pourrait représenter l'embauche de personnel supplémentaire au service de Sophie Grégoire-Trudeau : «Nous devrions organiser un Telethon pour payer à Sophie Trudeau l'aide dont elle a besoin.»
I don't have enough hired help to get through my day either. I sympathize with you, Sophie Gregoire Trudeau. #JeSuisSophie
— Andrew Lawton (@AndrewLawton) 12 mai 2016
Pour certains Canadiens, les réclamations de la première dame sont déplacées et chaque citoyen rêverait d'avoir du personnel à son service: «Moi non plus, je n'ai pas assez de personnel pour passer à travers mes journées. Je compatis, Sophie Grégoire-Trudeau. #JeSuisSophie»
If you think Sophie Gregoire-Trudeau shouldn't have help because she "doesn't have a job", you might want to Google the word 'misogyny'.
— Kristi Colleen (@KristiColleen) 15 mai 2016
«Si vous pensez que Sophie Grégoire-Trudeau ne devrait pas avoir d'aide parce qu'elle "n'a pas de travail", vous devriez taper "misogynie" dans Google», déplore cette internaute.
Ce n'est pas la première fois que Sophie Grégoire-Trudeau est la cible de critiques en raison de sa demande de personnel. Peu de temps après l'élection qui a propulsé son mari à la tête du gouvernement canadien, le Premier ministre et son épouse ont été critiqués pour avoir embauché deux gardiennes pour leurs enfants, payées aux frais du contribuable.