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«Panama papers» : les lanceurs d’alerte derrière l’enquête brisent le silence

On ignore tout d'eux, mais ces personnes ont donné des sueurs froides à bon nombre de personnalités après avoir remis à la presse des milliers de documents compromettants. Pour la première fois, ils expliquent leurs motivations.

«Sachez tout d’abord que je ne travaille pour aucun gouvernement ou service de renseignement, ni directement ni en tant qu'entrepreneur. Et cela n’a jamais été le cas. Mon point de vue est entièrement personnel», a expliqué le lanceur d’alerte, John Doe, le vendredi 6 mai dans son manifeste publié par le journal allemand Süddeutsche Zeitung.

Il n’est pas exclu qu’il s’agisse d’un groupe de personnes se cachant derrière les «Panama papers». Selon le manifeste, ils ont été inspirés au moins en partie par Edward Snowden et Antoine Deltour, le comptable à l’origine de LuxLeaks. Ainsi, par la voix de ce John Doe, ils ont souligné que l’ancien employé de la CIA mériterait plutôt «d’être accueilli comme un héros et par une récompense» au lieu d’être banni des Etats-Unis.

Les auteurs du manifeste ont apprécié le «débat encourageant à l’échelle mondiale» provoqué par la révélation des 11,5 millions de fichiers du cabinet panaméen Mossack Fonseca, géant spécialisé dans la domiciliation de sociétés offshore.

«Les Panama papers ont montré sans l’ombre d’un doute que même si les sociétés écran sont illégales, par définition elles sont liées à un grand nombre de crimes sérieux», ont-ils souligné en ajoutant que «l’inégalité des revenus est l’une des questions les plus préoccupantes de nos jours».

Les auteur des «Panama papers» ont raconté que l’année dernière ils avaient contacté Bastian Obermayer, un journaliste du journal allemand Süddeutsche Zeitung, après avoir compris «l’ampleur des injustices» cachée dans ces documents. En utilisant le pseudonyme John Doe, ils lui ont envoyé un message : «Intéressé par des données secrètes ?»

Ils ont également proposé les documents à «quelques-uns des principaux médias», mais leurs éditeurs en chef ne se sont pas montrés intéressés. WikiLeaks ne les aurait pas soutenus non plus, a affirmé John Doe.

Suite à la publication des informations par plusieurs médias internationaux, plusieurs gouvernements et service secrets ont également obtenu ces documents. D’après les lanceurs d’alerte, le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a refusé de collaborer avec les autorités. «Pour notre part, nous serions prêts à coopérer avec les organes de l’application de la loi, dans la mesure de mes capacités», ont-ils ajouté.

Alors que les lanceurs d’alerte ont souligné la décision de David Cameron de créer des registres publics de sociétés offshore, ils estiment qu’il reste encore beaucoup de choses à faire dans le domaine car, notamment, la plupart des sociétés écrans gérées par Mossack Fonseca sont basées aux îles Vierges britanniques.

En concluant, ils ont souligné qu’à l’époque d’internet et du stockage en ligne «la prochaine révolution sera numérique». «Ou, peut-être, est-elle déjà en cours», ont-ils supposé.

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