Ukraine : un festival LGBT annulé après des heurts avec des militants néo-nazis (PHOTOS, VIDEOS)
Près de 200 militants néo-nazis décomplexés ont jeté des grenades fumigènes et des pierres sur plusieurs dizaines d'homosexuels ce 19 mars à Lviv, bastion nationaliste dans l'ouest de l'Ukraine, à l'occasion d'un festival LGBT. Images très violentes.
Les manifestants d'extrême-droite scandaient des slogans comme : «mort, mort, mort !» L'attaque a commencé au moment où des représentants de la communauté LGBT (homosexuelle, bi et transsexuelle) quittaient l'hôtel où était organisé un festival consacré à leurs droits.
300 ultranationalists reportedly block LGBT festival participants in hotel in Lviv, Ukraine https://t.co/vl8AInVQCvpic.twitter.com/RupQgcvati
— Alec Luhn (@ASLuhn) 19 mars 2016
Les manifestants ont également scandé des slogans néo-nazis tels que «Hitlerjugend SS» (Jeunesses hitlériennes SS), qui sont audibles à la fin de la vidéo ci-dessous.
Aucun assaillant n'a été arrêté par le police
Malgré la présence importante de policiers en tenue anti-émeute, les agresseurs, dont une partie avaient le visage dissimulé par une cagoule ou un foulard, ont crié des insultes à l'adresse des militants LGBT et jeté des grenades fumigènes, des pétards, pierres et de la peinture verte sur ceux-ci et les bus qui les transportaient.
La présence de toute une partie des assaillants le visage découvert témoigne de l'assurance de ces groupes d'extrême-droite qui se savent au-dessus des poursuites judiciaires et hors d'atteinte. Le chef de la police régionale cité par les médias locaux a indiqué de son côté qu'aucun des assaillants n'avait été arrêté mais que des policiers avaient «mené des entretiens» pédagogiques avec ceux-ci.
Meanwhile in #Ukraine#LGBT activists forced to flee #Lviv stoned by 100s of fascists. #EU values.@MaximEristavipic.twitter.com/OCcEmKqHdE
— rui borges (@homo_viator) 19 mars 2016
«Ce n'est pas la première attaque contre la communauté LGBT»
AU minimum un passant a été touché à la jambe par une pierre et les vitres d'au moins quatre voitures ont été brisées. «Ce n'est pas la première attaque contre la communauté LGBT et cette violence homophobe ne peut qu'indigner», a déclaré le directeur exécutif de l'ONG Amnesty International en Ukraine, Tetiana Mazour. «Chaque nouvelle attaque se produit en raison d'une certaine impunité [des agresseurs] alors que le pouvoir ne souhaite pas réagir dûment à ces manifestations», a-t-elle ajouté.
Les préparatifs pour le festival LGBT prévu de samedi à dimanche à Lvov avaient suscité des critiques déjà plusieurs jours avant sa tenue. Un métropolite de l'Eglise gréco-catholique ukrainienne, majoritaire et très influente dans l'ouest du pays, avait qualifié le festival de «provocation et signe de guerre diabolique», y voyant une «discrimination» à l'encontre des «valeurs familiales», dans une lettre au maire de Lvov.
LGBT festival in Ukraine abandoned after far-right protesthttps://t.co/R9LgZjp9E0pic.twitter.com/rw6Zov0FJs
— UoP Equality (@uopequality) 20 mars 2016
L'homosexualité reste très stigmatisée en Ukraine
La municipalité a pour sa part interdit toute manifestation dans le centre-ville où étaient prévues en même temps samedi une quête organisée par des militants LGBT et une action d'un mouvement de droite en faveur des «valeurs familiales traditionnelles».
L'homosexualité, qui était punie par la loi en URSS, reste très stigmatisée en Ukraine, une ex-république soviétique où l'Eglise orthodoxe a une forte influence dans le centre, l'est et le sud du pays et l'Eglise gréco-catholique, dans l'ouest.
La première Gay Pride dans l'histoire de l'Ukraine indépendante avait eu lieu en 2013, rassemblant près de cent personnes à Kiev. L'année suivante, elle avait été annulée, la police ayant refusé d'en assurer la sécurité. En août dernier, des homosexuels avaient été la cible de grenades fumigènes et autres agressions à Odessa (sud), même si la Gay Pride y avait été interdite.