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Les Kurdes syriens créent une région fédérale, Ankara et Damas farouchement opposés

La création d'une région fédérale dans les zones sous le contrôle des Kurdes dans le nord du pays sera mise en œuvre, ont annoncé des responsables des Kurdes de Syrie, cité par l'AFP.

«Le système fédéral a été approuvé pour la région de Rojava (Kurdistan syrien) dans le Nord de la Syrie», a affirmé Sihanouk Dibo, un responsable du Parti de l'union démocratique (PYD), principal parti kurde en Syrie, à l'issue d'une réunion à Rmeilane, dans le nord-est de la Syrie.

Une revendication de longue date

Un responsable de la direction des Affaires étrangères de Kobané, Idris Nassan, a indiqué mercredi que les zones contrôlés par les Kurdes porteront le nom de «Fédération de Syrie du Nord» et représenteront tous les groupes ethniques.

D’après lui, cette proposition existe depuis le début du conflit en 2011. «Les Kurdes syriens ont une longue histoire d’opposition et de lutte pour les droits légitimes de son peuple dans le pays», a noté Idris Nassan, expliquant que la lutte nationaliste a évolué dans une forme plus «développée» de combat pour les droits à l’égalité.

Un des responsables du parti irakien de l’Union patriotique du Kurdistan, Mohsen al-Saadon, a annoncé à l’agence Sputnik soutenir la décision des Kurdes syriens sur la fédéralisation.

«Nous saluons cette étape importante, notamment aujourd’hui. Le système fédéral en Irak ou en Syrie ne signifie pas la division ou la partition du pays», a-t-il expliqué, en attendant le soutien de tous les autres pays puisque d’après lui, la mesure favorisera la stabilisation de la situation en Syrie.

Le gouvernement syrien estime de son côté que la création d’un système fédéral dans les zones contrôlées par les Kurdes n’a pas de conséquence politique ou légale, apprend-on dans les médias proches du pouvoir.

Moscou et Washington sur la même longueur d’onde ?

La question de l’annonce des Kurdes syriens sur la fédéralisation doit être réglée par la Syrie en interne, estiment les représentants russes et américains dans leurs commentaires suivant la déclaration.

«Le système de fonctionnement du gouvernement syrien, c’est l’affaire des Syriens. C’est un sujet qui doit se régler sur la base d’un processus ouvert à tous. Tous les groupes confessionnels et ethniques vivant sur le territoire de la Syrie, que ce soit les Kurdes, les Chiites, les Sunnites ou les Alaouites, tous doivent participer à ce processus», a estimé le secrétaire de presse du Kremlin Dmitri Peskov.

Le secrétaire de Poutine a aussi rappelé la position de Moscou, qui insiste sur la participation des Kurdes aux négociations de paix de Genève visant à régler la crise syrienne. «C’est aux Syriens de choisir quel système sera mise en œuvre dans le pays», a-t-il conclu.

Le porte-parole du département d’Etat américain Mark Toner a de son côté expliqué la position de Washington, pour qui la question des Kurdes syriens doit être posée lors de la transition politique dans le pays.

Il a aussi annoncé que les Etats-Unis n’avaient pas l’intention de reconnaître des territoires kurdes «à moitié autonomes». «Nous continuons à souhaiter l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie», a-t-il poursuivi.

La Turquie hostile

Ankara elle a exprimé son opposition à la formation de nouvelles structures administratives en Syrie, expliquant que des mesures unilatérales basées sur l’ethnicité ne pourront pas être prises.

La déclaration intervient après l’exclusion du parti kurde PYD des négociations de paix de Genève visant à régler la crise syrienne. L’exclusion du PYD a été exigée par la Turquie, qui considère le parti comme une section du PKK, un parti interdit et reconnu comme terroriste par Ankara.

C’est contre les militants de ce parti que l’armée turque a lancé une opération militaire en juillet 2015 dans le sud-est du pays, brisant ainsi l’accord de cessez-le-feu en vigueur depuis deux ans. Amnesty International a annoncé en janvier qu’au moins 150 civils, dont des enfants, avaient déjà été tués dans les opérations d'Ankara dans le sud-est du pays, alors que plus de 200 000 personnes vivant dans ces régions sont en danger.

A l'heure actuelle, le gouvernement turc lutte contre les militants de PKK, non seulement dans le sud-est de la Turquie, mais aussi au nord de la Syrie et en Irak, sans avoir été prié d’intervenir militairement, ni par Damas, ni par Bagdad.