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Nouveau somment UE-Turquie : de nombreux points de discorde demeurent

Les 28 chefs d’Etats et de gouvernements de l'UE se retrouvent à Bruxelles pour tenter de se sceller l’accord sur la crise migratoire avec la Turquie. Un accord qui ne fait pas encore l’unanimité, en particulier auprès de Chypre.

Ce nouveau sommet, qui se déroule sur deux jours, doit entériner l’accord entre l’Union européenne et la Turquie et s'annonce tendu alors que les dirigeants européens sont toujours divisés. Les Européens recevront ensuite vendredi 18 mars au matin le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

Pour le moment, le projet prévoit de renvoyer tous les nouveaux migrants arrivant sur les îles grecques en Turquie. Pour chaque Syrien renvoyé, les Européens «réinstalleraient» dans l'UE un autre Syrien depuis la Turquie, laquelle obtiendrait aussi en contrepartie une relance de ses négociations d'adhésion à l'UE. Ankara se dit désormais disposée à reprendre tous les nouveaux migrants gagnant les îles grecques depuis ses côtes, y compris les demandeurs d'asile. Les Turcs ont par ailleurs exigé le doublement (de trois à six milliards d'euros) de l'enveloppe que lui a promise l'UE pour l'accueil et l'intégration des 2,7 millions de Syriens réfugiés sur son sol fuyant la guerre civile dans leur pays.

L'idée a de quoi séduire une Union européenne débordée par plus de 1,2 million de demandes d'asile en 2015. Mais le contenu du projet pose aussi de nombreux problèmes.

Les réactions des dirigeants européens

Pour la chancelière allemande Angela Merkel, qui a joué un rôle majeur dans les tractations avec les Turcs, sceller un accord donnerait une « première chance » de trouver une solution collective à la question migratoire. Mais cela ne se traduira pas par un chèque en blanc à Ankara, a-t-elle assuré. «L'objectif est clair: un accord acceptable pour les 28 Etats membres ainsi que pour nos partenaires turcs» a répété mercredi soir le président du Conseil européen Donald Tusk, chargé par les pays européens de négocier avec Ankara malgré des court-circuitages de la part Berlin qu'il a peu appréciés.

Marine Le Pen, la présidente du Front national, a critiqué la politique européenne en matière migratoire et le rôle dominant joué par Angela Merkel, qu'elle a qualifiés de «catastrophe pour l'Union Européenne», et a dénoncé un «chantage» de la Turquie. «L’Allemagne fait n’importe quoi», a-t-elle affirmé.

«Elle a fait n’importe quoi en matière économique, elle a fait n’importe quoi en matière d’immigration. Et Monsieur Sarkozy et Monsieur Hollande suivent aveuglément Madame Merkel. (...) L'intérêt de l'Allemagne c'est d'avoir un euro fort. Ce n'est pas l'intérêt de la France.»

Un véto chypriote ?

A ce stade l’accord prévoit que l’UE relance lesnégociations d'adhésion de la Turquie, bloquées par le contentieux historique avec Chypre.Ce dernier constitue un point de blocage pour les chypriotes et pourrait menacer l'accord avec Ankara. 

Nicos Anastasiades, le président chypriote, a indiqué qu'il ne lèverait pas le véto de son pays sur l'ouverture de cinq nouveaux «chapitres» dans les négociations d'adhésion de la Turquie. «Je ne pourrai jamais accepter d'y être forcé et je n'y donnerai pas mon consentement, parce que, sinon, je n'ai pas d'autre choix que de ne pas rentrer chez moi», a-t-il déclaré au Financial Times. «L'adhésion de la Turquie à l'Union européenne n'est absolument pas à l'ordre du jour», a répété mercredi Angela Merkel, se voulant rassurante et soulignant que l'Europe devait rester ferme face à Ankara sur les valeurs démocratiques, alors que le pouvoir islamo-conservateur turc est accusé de dérive autoritaire.