La mère de l'enfant soupçonné a expliqué, citée par The Guardian, que son fils avait dessiné son père en train de couper un concombre. Mais le personnel de l'école ne l'a pas cru, y voyant plutôt la fabrication d'un engin explosif improvisé.
Pour prouver sa bonne foi, vendredi, la mère du garçon a montré au Guardian une séquence vidéo sur laquelle on peut voir son fils jouer sur le sol de la maison. Alors qu'on lui présente un concombre, lui demandant de dire ce que c'est, le petit garçon de quatre ans répond «A cooker-boom» [littéralement un «boom cuisiné, préparé»] au lieu de «a cucumber». En français, l'équivalent serai un «concom-boom», au lieu de «concombre».
En fait, l'enfant n'arrivant pas à prononcer correctement le mot «concombre» et son dessin étant ni plus ni moins qu'un gribouillis approximatif, le personnel de l'école a décidé que l'enfant était en phase de radicalisation et évoquait la préparation artisanale d'une bombe.
Partagée entre l'envie de rire et le désespoir de voir son fils signalé à la brigade anti-terroriste, la mère de l'enfant a fini par raisonner le personnel de l'école maternelle qui, au début, ne la croyait pas.
«Quand je leur ai demandé s'ils trouvaient que j'avais une tête de terroriste, ils m'ont répondu que Jimmy Saville n'avait pas une tête de pédophile», a expliqué la mère abasourdie aux médias britanniques.
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Un porte-parole de l'école maternelle a expliqué sous couvert d'anonymat avoir simplement respecté la ligne de conduite imposée par les autorités et qui demande à ce que chaque cas suspect soit pris en compte et, si nécessaire, signalé aux autorités.
«Après avoir examiné le cas avec les autorités compétentes, nous avons décidé qu'un signalement de l'individu aux services de lutte contre la radicalisation et le terrorisme n'était pas nécessaire», a-t-il ajouté. Quant à la mère de l'enfant, qui n'en revient toujours pas, celle-ci regrette de «n'avoir reçu aucune excuse suite à ces accusations ridicules».
Si l'histoire peut faire sourire, elle n'est en fait que le reflet d'une réalité parfois absurde au Royaume-Uni, où les autorités prennent extrêmement au sérieux tout comportement «suspect» qui pourrait s'apparenter à la preuve qu'un enfant est en train de suivre un processus de radicalisation. Quitte à parfois aller un peu trop loin. Et la communauté musulmane en fait évidemment le plus souvent les frais.
L'année dernière, un collégien musulman a été scupuleusement interrogé par des enquêteurs sur «ce qu'il pensait des activités de l'Etat islamique», après qu'il a évoqué en classe le sujet de l'activisme écologiste.
Les parents de l'adolescent de 14 ans ont lancé une action en justice contre l'établissement car leur fils, après s'être totalement refermé sur lui-même, a fini par leur avouer avoir été traumatisé par cette expérience et refuser suite à cette dernière, de prendre part à tout débat en classe, quel qu'il soit, car il «avait peur qu'on le soupçonne d'être un terroriste».