Turquie : deux journalistes d’opposition libérés sur décision de la Cour constitutionnelle
- Avec AFP
Deux journalistes turcs incarcérés depuis trois mois pour avoir fait état de livraisons d'armes d'Ankara à des rebelles islamistes en Syrie ont été libérés vendredi, ont rapporté plusieurs médias, dont leur employeur, le journal Cumhuriyet.
«Je pense que c'est une décision historique», a déclaré à sa sortie de prison Can Dündar, rédacteur en chef du quotidien d'opposition, cité par l'agence de presse Cihan.
«Elle s'applique à tous nos collègues, à la liberté de la presse et à la liberté d'expression», a-t-il ajouté.
Relevant avec ironie que la date de leur libération, le 26 février, coïncidait avec le jour de la naissance du président Recep Tayyip Erdogan, Can Dündar a déclaré : «Nous sommes très heureux de fêter son anniversaire et notre libération.»
Dénonçant la «violation» de leurs droits, la Cour constitutionnelle turque avait ordonné jeudi la libération de Can Dündar et d'Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara, qui ont été accueillis par leurs proches et leurs soutiens à la sortie de la prison de Silivri à la périphérie d'Istanbul.
Les deux journalistes ont été inculpés pour «espionnage» et «divulgation de secrets d'Etat», et écroués le 26 novembre 2015.
En cause, la diffusion en mai d'une vidéo de l'interception, en janvier 2014 à la frontière syrienne, de camions appartenant aux services secrets turcs (MIT) et transportant des armes destinées à des rebelles islamistes syriens.
Le président islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, avait qualifié cet acte de «trahison» et promis avec colère lors d'un entretien à la télévision que Can Dündar allait «payer le prix fort».
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La Turquie pointe à la 149e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF).