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Après l'attentat d'Ankara, l'aviation turque a bombardé des objectifs du PKK en Irak

Suite à l'attentat meurtrier d'Ankara du 17 février et malgré l’absence de preuves sur les auteurs de l'attaque, le Premier ministre turc a bombardé les forces kurdes d'Irak et n’a pas manqué de les accuser d’avoir organisé l’attentat.

Les bombardements turcs de ce jeudi 18 février ont visé un groupe de 60 à 70 combattants du PKK, dont des officiers, dans le secteur d'Haftanin, non loin de la frontière syrienne. Ce camp est l'une des plus importantes bases arrières des rebelles kurdes dans les montagnes du nord de l'Irak.

Depuis la reprise des combats entre les forces de sécurité turques et le PKK l'été dernier dans le sud-est de la Turquie à majorité kurde, les chasseurs turcs ont mené de nombreux raids contre ces camps. Les affrontements meurtriers ont repris après deux ans de cessez-le-feu et il y a quelques jours la Turquie a commencé à bombarder des positions kurdes en Syrie. 

Ces combats ont fait voler en éclats les pourparlers de paix, engagés avec le PKK par le gouvernement, à l'automne 2012, pour tenter de mettre un terme au conflit kurde, qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984.

Après l'attentat du 17 février à Ankara, le président Recep Tayyip Erdogan a promis une riposte à cette attaque en plein cœur de la capitale turque.

Des représailles qui mettent de l'huile sur le feu

Les Etats-Unis et Paris ont déjà appelé la Turquie à cesser les bombardements des régions du nord de la Syrie. Damas avait fermement condamné les derniers bombardements turcs, les qualifiant de «soutien direct aux terroristes». Le gouvernement syrien a aussi envoyé une lettre à l’ONU réclamant que le Conseil de sécurité «assume ses responsabilités pour la paix et la sécurité internationale en mettant fin aux crimes du régime turc».

Les Kurdes syriens sont activement engagés dans la lutte contre le groupe terroriste Daesh et ont été récemment qualifiés de «l’une des [forces] les plus efficaces» de lutte contre les djihadistes en Syrie par John Kirby, le porte-parole du département d’Etat américain.

Ahmet Davutoglu avait déclaré : «Nous pouvons si besoin prendre en Syrie les mêmes mesures qu'en Irak et à Qandil», lors d'un discours télévisé prononcé à Erzincan (Est), en référence aux bombardements opérés en 2015 contre le Parti des travailleurs kurdes (PKK) dans cette montagne du nord de l'Irak qui est leur bastion. «Nous attendrions de nos amis et alliés qu'ils nous soutiennent», a-t-il ajouté.

L'attentat meurtrier d'Ankara

L'attentat à la voiture piégée imputé par les autorités turques au PKK et à la milice kurde de Syrie, a été perptétré par un Syrien de 23 ans, selon le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu.

«Cette attaque terroriste a été commise par des éléments de l'organisation terroriste (PKK) en Turquie et un milicien des YPG» (Unités de protection du peuple, milices kurdes de Syrie), a déclaré Ahmet Davutoglu à la presse, ajoutant que la police avait déjà procédé à neuf interpellations dans le cadre de son enquête. «Le nom de l'auteur de l'attentat est Salih Necar. Il est né en 1992 dans la ville d'Amuda, dans le nord de la Syrie [...]. L'organisation terroriste et les YPG ont conjointement commis cette attaque», a insisté le chef du gouvernement.

Cependant, d'après l'agence de presse RIA Novosti, les leaders des Kurdes syriens auraient affirmé que les Kurdes syriens ne seraient pas liés à l'attentat d'Ankara du mercredi 17 février. Le PKK a démenti, par la voix d'un de ses dirigeants, Cemil Bayik, être à l'origine de l'attentat qui a frappé la capitale turque. «Nous ne savons pas qui l'a commis mais cela peut être une riposte aux massacres de la Turquie au Kurdistan», a dit le responsable du PKK, cité par l'agence prokurde Firat.

En octobre dernier, Ankara avait déjà été touchée par deux fortes explosions qui s'étaient produites à un carrefour de la capitale. D’après les autorités turques, ces explosions perpétrées par deux kamikazes ont fait 97 morts et 186 blessés.