International

Migrants : la Pologne réclame un «virage» à Angela Merkel, les villes allemandes, plus de budget

Le Premier ministre polonais, Beata Szydlo, en visite à Berlin, a réclamé «un virage» dans la politique migratoire d'Angela Merkel, même si les villes allemandes continuent à accueillir des réfugiés en dépit d'une situation financière chaotique.

«Le chemin qui a été emprunté ne va pas plus loin. Nous avons besoin d'un virage», a affirmé Beata Szydlo, le Premier ministre conservateur polonais en visite à Berlin, le 12 février. Elle estime que le danger représenté par l'afflux de réfugiés a été «sous-estimé».

«Jour après jour, nous entendons parler d'actes de violences dans lesquels des migrants sont impliqués», affirme la responsable de l'exécutif polonais, citant «les attaques terroristes de Paris» et les «agressions sexuelles du Nouvel An à Cologne».

Lire aussi : Un maire allemand dit aux jeunes filles de ne pas provoquer les migrants pour éviter le harcèlement

Interrogée sur la peur que pouvait lui inspirer la politique d'Angela Merkel en la matière, Beata Szydlo a répondu : «il nous faut l'admettre, des erreurs ont été faites».

Lire aussi : La mère de l'enfant violé veut que le migrant irakien vive «ce qu’on fait aux violeurs en prison»

«La situation aux frontières extérieures de l'Union européenne est hors de contrôle», estime-t-elle notamment, ajoutant : «nous avons aujourd'hui besoin de nouvelles solutions».

Le gouvernement de Beata Szydlo se dit prêt à aider les réfugiés mais à l'extérieur des frontières de l'UE alors que le précédent gouvernement, centriste, avait accepté d'accueillir en Pologne environ 7 000 réfugiés, dans le cadre d'un programme de répartition.

Quand les villes allemandes, au bord de la faillite, exigent plus d'aides pour poursuivre l'accueil des réfugiés

Ces déclarations ont été tenues alors qu'en Allemagne, la situation financière de nombreuses villes se dégrade de jour en jour. Cela amène les maires à manifester leur mécontentement envers la politique de la chancelière allemande et du gouvernement fédéral.

Pourtant, leurs protestations n'ont rien à voir avec les motivations identitaires de type Pegida. Ils assurent même qu'il est nécessaire de continuer à accueillir les migrants. Ils exigent par contre plus de moyens financiers, plus de budget pour pouvoir gérer l'accueil des immigrés sans faire sombrer les finances de leur ville dans les chiffres rouges.

Le très libéral et humaniste hebdomadaire allemand Die Zeit, a ainsi interrogé plusieurs maires de communes qui ont exposé les difficultés budgétaires auxquelles ils se heurtent depuis plusieurs mois.

En 2016, le gouvernement fédéral allemand devrait débloquer un paquet de 17 milliards d'euros qui devront être répartis entre les différents Länder (Etats) afin de pouvoir assurer l'installation et la prise en charge des réfugiés qui continuent d'arriver par centaines dans les villes allemandes de taille moyenne, notamment à l'Ouest du pays. 

Mais pour les municipalités, ce n'est pas assez : la ville de Bochum (Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie) dit manquer de 28 millions d'euros pour accueillir les migrants, la ville voisine de Herne assure avoir besoin de 18 millions d'euros supplémentaires, Leverkusen, elle, exige 14 millions.

Généralement, avec ses 330 000 arrivées en 2015, le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie est particulièrement touché par l'endettement lié à l'accueil des réfugiés. 

A Schwerte, petite ville de 48 000 habitants au Sud-Est de Dortmund, le maire (CDU) Heinrich Böckelühr a expliqué au quotidien : «nous ne manquons pas de volonté, mais de moyens».

Ici, ce sont plus de 400 bénévoles qui s'occupent de l'accueil des migrants, des médecins, des assistant(e)s social(e)s, des policiers. Une association communautaire y propose des cours d'allemand dispensés par des bénévoles durant quelques semaines.  

Lire aussi : Berlin dépense 600 millions d’euros pour héberger 10 000 migrants dans des hôtels

En 2015, 700 réfugiés sont arrivés à Schwerte et occupent aujourd'hui la moitié des 14 gymnases que compte la ville.

Pourtant, pour Heinrich Bockelühr, il y a encore de la marge. «Les associations sportives ont encore de la place pour plus de réfugiés». Le maire explique que la ville a dû fermer sa piscine municipale et plusieurs terrains de sport, mais aussi renoncer à la prime de Noël des habitants pour éponger un tant soit peu la dette.

Sur l'année 2015, Schwerte a dû débourser 4,6 millions d'euros pour les réfugiés, une somme qui n'a été remboursée qu'en partie, laissant un trou d'1,5 millions d'euros. «Nous ne pouvons pas nous en sortir tout seul», a-t-il expliqué à Zeit.

En 2015, plus d'un millions de réfugiés, principalement afghans et syriens, sont arrivés sur le sol allemand.