Staffan de Mistura : «Si les pourparlers à Genève échouent, la Syrie n’existera plus»
Même si aucune partie n’est pour le moment prête à faire des concessions, il n’y a pas de solution militaire au conflit en Syrie, a noté l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura dans son interview au journal Corriere della Sera.
«SI la conférence échoue, ce qui est toujours possible, la Syrie n’existera plus tout simplement», a fait savoir l’envoyé, soulignant la nécessité d’éviter à tout prix que les tensions ou les conflits internes ainsi que régionaux ne continuent.
Pour lui, une solution militaire à la crise syrienne ne peut avoir lieu, puisque personne n’en tirera de profit. «Bien que les forces gouvernementales prédominent, personne ne gagnera en Syrie. Si vous cassez quelque chose, les pièces sont à vous. Mais qui gérera le pays une fois détruit ? Qui va garantir la sécurité et empêcher crises et émeutes ? Qui arrêtera le flot de réfugiés ?», s’est-il demandé.
Interrogé sur les résultats des négociations entamées le 29 janvier et la raison de leur interruption, de Mistura a mis l’accent sur trois points. «Premièrement, aucune des deux parties n’était disposé à faire la moindre concession», a expliqué le représentant de l’ONU au Corriere della Sera.
De plus, personne n’a commencé à se prononcer sur le fond du débat, se contentant de jouer à cache-cache sur de banals détails de procédure. Au final, l’envoyé a noté le manque évident de bonne volonté de la part du gouvernement, comme de la part de l’opposition, en ce qui concerne les questions primordiales de libération de l’accès humanitaire aux villes assiégées ou des populations qui sont littéralement en train de mourir.
«Seul un cessez-le-feu inconditionnel nous permettra d’aborder des questions sérieuses, telles que la lutte contre Daesh, les discussions sur le nouveau gouvernement, une nouvelle constitution, des élections gérées par l’ONU», a poursuivi l’interrogé.
Quant à l’opération russe entamée le 30 septembre à la demande du président syrien, De Mistura a estimé que cet engagement militaire de Moscou ne visait qu’à inciter la recherche d’une solution politique, «parce que je ne pense pas que Moscou se réjouisse de l’idée de rester longtemps empêtré dans le conflit syrien».
L’envoyé de l’ONU a admis qu’un retour à la table des pourparlers est possible plus tôt que le 25 février, si les pays ayant une influence en Syrie appliqueront tous les efforts pour obtenir des signaux concrets de leur volonté à entamer de nouveau des négociations de paix».