Anciens alliés, l'extravagant milliardaire Donald Trump et le conservateur texan Ted Cruz se sont engagés, ce jeudi, dans un des échanges les plus intenses de la campagne pour les primaires républicaines. Même si Trump domine l’opinion publique dans la majorité des Etats américains, c’est dans l’Iowa, qui votera le premier lors des primaires, que son principal adversaire a réussi à réaliser une montée spectaculaire en talonnant désormais l’homme d’affaires.
Jeudi, les sept candidats républicains s’étaient réunis sur scène pour le sixième débat de la campagne des primaires, qui a eu lieu à North Charleston, en Caroline du Sud. Mais c’est entre Trump et Cruz que les échanges ont été les plus vifs, après que le milliardaire a accusé son challenger, en septembre 2015 de ne pas être légitime pour se présenter à la présidentielle, étant né au Canada.
«Depuis septembre, la Constitution n'a pas changé mais les chiffres des sondages, eux, ont évolué. Donald est atterré par les sondages qui le donnent en baisse dans l'Iowa», a ironisé Ted Cruz en réponse. «La loi veut qu'un enfant de citoyen américain né à l'étranger est un Américain. (...) Donald Trump pourrait aussi être disqualifié (si l'on suit son raisonnement), parce que sa mère est née en Ecosse», a-t-il déclaré.
«Je suis né ici. Grosse différence. Franchement, les sondages viennent de sortir pour l'Iowa, et dans les trois derniers sondages, je te bats», a rétorqué Trump en souriant. «Un énorme point d'interrogation pèse sur votre candidature, vous ne pouvez pas faire ça au parti», a conclu le magnat.
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Poussé sur la défensive, c’est pendant tout le reste du débat que le sénateur a essayé de contre-attaquer, sans succès particulier. Après sa longue tirade contre l’«esprit new-yorkais» qu'il juge beaucoup trop à gauche, Donald Trump s'est engouffré dans la brèche, dénonçant «les propos insultants» de son rival.
«New York est un endroit fantastique», a-t-il lancé, évoquant, sous des applaudissements nourris, la réaction «magnifique et humaniste» de ses habitants après les attentats du 11 septembre 2001.
Hillary Clinton, un «désastre»
Mais ce n’est pas uniquement l’échange Trump-Cruz qui a marqué la soirée. L’ancien gouverneur de Floride, Jeb Bush, qui était pourtant le favori républicain il y a un an avant de s’effondrer de façon spectaculaire dans les intentions de vote, s’est acharné contre sa rivale démocrate Hillary Clinton, en mettant en doute sa qualification quant au commandement de l’armée.
«Hillary Clinton serait un désastre pour la sécurité nationale. Si elle est élue, lors de ses cent premiers jours (à la Maison Blanche), au lieu de mettre en place une politique, elle va probablement devoir faire des aller-retour entre la Maison Blanche et la Cour de justice», a lancé le candidat.
Les critiques contre Hillary Clinton furent un des rares points autour duquel se sont réunis les rivaux républicains.
«Si je suis choisi comme candidat, elle ne pourra pas s’approcher à dix milles de la Maison-Blanche, a déclaré le gouverneur du New Jersey Chris Christie, en pointant du doigt le rôle de la probable candidate démocrate dans la situation au Moyen-Orient. «Si vous laissez ça à Hillary Clinton, l’architecte de notre politique étrangère… Elle ne peut pas être présidente, cela aboutirait à encore plus de guerres dans le monde», a conclu Chris Christie.
Politique migratoire, la droite fait monter les enchères
Le problème de l’immigration a notamment été au cœur des interventions de tous les candidats dont les points de vue ont varié, de modérés aux plus radicaux.
«Il y a un groupe djihadiste qui se joue de notre système d'immigration. Quand je serai président, si je ne sais pas qui vous êtes et d'où vous venez, vous ne rentrerez pas aux Etats-Unis», a assuré Marco Rubio, sénateur de Floride, devant un public enthousiaste.
Alors que Chris Christie a attaqué l’idée de Donald Trump d’interdire l’accès aux Etats-Unis à tous les musulmans étrangers, en proposant de bannir uniquement les djihadistes, Ted Cruz, quant à lui, est allé plus loin et a réclamé de suspendre l’accueil de tous les réfugiés venant de pays où Daesh contrôle de vastes territoires.
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«Ce que nous devons faire, c’est lutter contre Daesh» et non contre les musulmans, a répliqué Jeb Bush. Mais cet appel solitaire s'est perdu derrière les projets de mesures radicales.
C’est le 8 novembre que s’affronteront les candidats désignés par les primaires. Alors qu’Hillary Clinton est en position de favorite dans le camp démocrate, le parti républicain se divise autour de la candidature de Donald Trump. Si le magnat bénéficie d’une vaste popularité dans l’opinion publique, certains chefs du parti estiment qu’il n’est pas le meilleur candidat pour rassembler la droite et le centre dans les urnes face à Hillary Clinton.