Incendie à Hong Kong : un chantier de rénovation contesté à l'origine du drame

Incendie à Hong Kong : un chantier de rénovation contesté à l'origine du drame Source: Gettyimages.ru
L'incendie à Hong Kong a provoqué de lourdes pertes humaines. [Photo d'illustration]
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À Hong Kong, l’incendie de Wang Fuk Court a révélé de graves manquements dans un chantier de rénovation confié à une entreprise déjà sanctionnée pour des infractions à la sécurité, selon les informations fournies par Reuters. Malgré les avertissements des résidents et un contrôle accru, le feu a provoqué de lourdes pertes humaines.

L’incendie de Wang Fuk Court, l’un des plus graves à Hong Kong ces dernières années, ne vient pas de nulle part, rapporte Reuters. D’après le média britannique, il est lié à un chantier de rénovation mal choisi, à des alertes répétées des résidents et à une gestion confuse de la part de leurs représentants.

Conformément aux règlements de Hong Kong, qui imposent une inspection et une rénovation au moins une fois pour tout immeuble de plus de 30 ans, ce complexe des années 1980 devait être contrôlé et remis à niveau : façade, équipements de sécurité incendie, canalisations d’eau. La corporation des propriétaires a mandaté un consultant, Will Power Architects, pour analyser les offres. Dans une présentation, Will Power affirmait que Prestige Construction & Engineering n’avait aucun passé de poursuites du Département du travail et lui a attribué l’une des meilleures notes parmi 57 candidats. Prestige a obtenu un contrat d’environ 330 millions HKD (42,4 millions de dollars).

Les documents publics montrent l’inverse. Entre 2016 et 2019, le Département du travail a infligé à Prestige 15 amendes pour un total de 309 000 HKD (39 700 dollars), notamment pour des échafaudages mal installés et des connexions électriques défectueuses. Par ailleurs, le Buildings Department a aussi condamné Prestige et une personne liée à 139 000 HKD (17 850 dollars) pour « négligence ou inconduite » sur deux projets de 2012 et 2014, et a interdit à l’entreprise certains travaux pendant quatre mois.

Une fois le chantier lancé, les problèmes se sont multipliés. Selon le compte rendu d’une réunion du 28 janvier 2024, le coût du projet a plus que doublé par rapport aux quelque 150 millions HKD (19,3 millions de dollars) présentés lors de l’appel d’offres, à cause de l’élargissement du périmètre des travaux. Des résidents se plaignaient en parallèle d’ouvriers fumant sur place, de matériaux inflammables dans l’échafaudage et de « coûts exorbitants », sans réelle consultation sur le détail des travaux.

En février 2024, un groupe de propriétaires a remis des signatures pour convoquer une assemblée spéciale afin de remplacer la direction en place et de mettre fin au contrat avec Prestige. L’ancien comité a contesté la validité de ces signatures et a averti, sur le site du complexe, qu’une telle réunion ferait perdre du temps et de l’argent et nuirait aux relations entre voisins.

L'incendie le plus grave à Hong Kong depuis 2008

L’assemblée spéciale n’a eu lieu que le 6 septembre 2024, en plein typhon. Plus de 1 200 copropriétaires ont bravé le mauvais temps, et la réunion a duré jusqu’à 23h. Un nouveau comité a été élu. Il a consulté un avocat, Walter Tsui, qui a expliqué qu’une rupture unilatérale du contrat pourrait rendre tous les propriétaires légalement responsables, sans entrer dans les détails. Le nouveau comité a donc décidé de conserver Prestige, tout en renforçant la surveillance du chantier.

Les nouveaux responsables ont lancé un examen du projet, avec un accent particulier sur les risques d’incendie. Ils ont créé des équipes de résidents bénévoles, ayant une expérience dans la construction, pour contrôler le site, prendre des photos et des vidéos d’éventuelles infractions et poser des questions sur les matériaux utilisés.

Malgré cette mobilisation, plusieurs habitants continuaient à avoir peur. Wong, électricien et plombier à la retraite, cité par Reuters, en est devenu le symbole. Sur une photo très diffusée, on le voit en détresse, Wang Fuk Court en feu derrière lui, alors que sa femme est coincée à l’intérieur. Selon son fils, J Wong, il n’attendait pas les décisions des autorités : il avait retiré les panneaux en mousse de ses fenêtres, les avait remplacés par un film plastique résistant au feu et arrosait régulièrement le treillis extérieur pour le garder humide. Il savait qu’il existait un risque, mais, comme le résume son fils, « quoi qu’il fasse, il n’a pas pu changer ce qui était arrivé ».

L'incendie s’est déclaré le 26 novembre dans l’une des tours d’un grand complexe résidentiel de Tai Po, où vivent près de 4 000 personnes. Le feu, d’abord considéré comme relativement limité, a été rapidement reclassé au niveau 5, le plus élevé à Hong Kong. Un tel degré de gravité n’avait pas été atteint depuis 2008, lors d’un incendie dans une boîte de nuit qui avait fait quatre morts et 55 blessés.

Au moment du drame, d’importants travaux de rénovation étaient en cours dans le complexe. Les premières flammes ont gagné les échafaudages en bambou entourés d’une toile verte de protection ; des fragments en feu sont tombés au sol et ont contribué à la propagation du brasier, tandis que le feu remontait rapidement le long des façades en suivant la structure des échafaudages. Selon les bilans communiqués, on compte 159 morts et plusieurs centaines de personnes portées disparues.

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