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La Somalie fait face à l’avancée de Daesh qui rivalise avec les islamistes locaux

Si l’organisation perd progressivement du terrain en Irak et en Syrie, elle continue à trouver des recrues dans de nombreux pays déchirés par la guerre, comme la Somalie, où elle est en compétition avec une autre faction islamiste, les shebab.

Ses combattants l’appellent le «petit émirat» : ce pays situé dans la Corne de l’Afrique est devenu la nouvelle cible privilégiée de Daesh, qui rêve d’en faire un nouvel Etat islamique.

Dans une série de récents messages de recrutement, les terroristes s’adressent aux habitants : «Etablir un califat sera bénéfique non seulement pour vous, mais aussi pour les musulmans en Somalie et en Afrique de l’Est», explique un djihadiste barbu dans une vidéo baptisée «Du pays de Sham [ancien nom de la région du Levant] aux moudjahidines de Somalie».

Se sentant menacé, le groupe islamiste rival al-Shabbaab, affilié à Al-Qaïda, qui est apparu en Somalie en 2006, ne l’entend pas de cette oreille et a menacé de mort ceux des siens qui rejoindraient Daesh. Mais cela n’a pas empêché certains de rallier l’organisation. Au cours des deux derniers mois, deux citoyens américains ont ainsi quitté al-Shabaab pour rejoindre l’Etat islamique. Celui-ci a également enregistré une recrue de prestige en la personne d’Abdiqadir Mumin, un imam influent qui a annoncé avoir quitté les shebab en octobre.

Pour le moment, l’organisation terroriste al-Shabbaab reste toutefois la faction islamiste la plus importante du pays. Contrôlant de larges pans du territoire, elle mène régulièrement des attaques sanglantes. En avril dernier, ses combattants avaient commis un véritable massacre dans l’université kényane de Garissa, tuant 148 personnes. Néanmoins, elle est en perte de vitesse face à l’avancée des forces armées de l’Union africaine et aux frappes américaines qui ont récemment tué un de ses sleaders.

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A la question de savoir si Daesh prendra un jour la place des islamistes locaux, Alexander Hitchens, chercheur au Centre international d’études de la radicalisation à Londres, confie au journal américain Washington Times, que l’Etat islamique «n’a pas vraiment assez de présence, ni de choses à offrir aux Somaliens locaux». Aussi, selon lui, si Daesh doit s’implanter dans ce pays africain, cela sera sans commune mesure avec la forme que l’organisation a prise en Syrie et en Irak.

Néanmoins, l’avancée de l'Etat islamique en Somalie inquiète les responsables américains, qui ont investi des millions de dollars d’aide pour former un nouveau gouvernement et pour développer une campagne militaire régionale contre les combattants.

En effet, la nation somalienne, affaiblie, possède une situation géographique intéressante pour les terroristes puisqu’elle est frontalière de trois alliés des Etats-Unis : l’Ethiopie, le Kenya et Djibouti.

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