«Les insurgés améliorent leur capacité à trouver et à exploiter les vulnérabilités des forces Afghanes, ce qui rend la situation fragile dans certaines zones clés et créé un risque de détérioration dans d'autres» s'inquiète le Pentagone dans son dernier rapport cité par Reuters.
«Cela permet aux talibans de donner l'impression que les forces de sécurité Afghanes ne peuvent pas protéger les principaux centres de population» ajoute -t-il.
Après 14 ans de guerre, le bilan présenté au Congrès est préocuppant.
D'autant plus que la majorité des forces alliées internationales a quitté récemment le pays et a remis la sécurité de l'Afghanistan entre les mains de leurs homologues Afghans, censés avoir été formés pour prendre la relève.
Face à la dégradation de la situation sécuritaire et aux difficultés rencontrées par les forces Afghanes, les Etats-Unis ont été contraints de revoir leur plan de retrait pour limiter les dégâts.
«Les 13 années de mission américaine et de l'Otan ont été un échec absolu en Afghanistan» se vantait en 2014 auprès de l'AFP le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid.
Alors que les dernières troupes devaient initialement quitter l'Afghanistan en 2014, Obama a décidé en octobre dernier de laisser un contingent de 9800 hommes jusqu'en 2016 pour soutenir leurs homologues Afghans.
Le contingent devrait être progressivement réduit pour ne laisser que 5500 hommes à partir de 2017 précise Reuters.
Sous équipées, mal payées, peu motivées et parfois infiltrées par les insurgés, les forces de sécurité afghanes sont souvent dépassées.
Les récents évènements en attestent : les attentats ont redoublé d'intensité, tout comme les humiliations. En mai dernier, l'armée afghane n'a rien pu faire pour empêcher la reprise de Kunduz, ville clé du nord du pays par les talibans, qu'elle a peiné à reconquérir. La semaine dernière, il lui a fallu près de 30 heures pour reprendre le contrôle de l'aéroport de Kandahar qui avait été pris d'assaut par les talibans.
Pourtant, selon Reuters, un sondage révèle que 70% des Afghans ont confiance en leurs forces armées pour assurer la sécurité de leur pays (ce taux de confiance a néanmoins baissé depuis mars, où il dépassait les 78%).
Le Pentagone loue les efforts du nouveau président Afghan, Ashraf Ghani pour réformer son armée en remplaçant les officiers incompétents, mais cela n'a pas encore suffi à enrayer les coups d'éclats des fanatiques.
Avec la violence, les talibans ont une stratégie : ils veulent faire passer le gouvernement de Kaboul et les étrangers pour des incapables, et semer la terreur pour donner l'impression qu'ils reprennent le pays et que l'action des forces armées régulières n'est parvenue ni à les chasser ni à sécuriser le pays. Le Pentagone compte 1000 attaques rien que pour les mois de juin et de juillet.
La portée de ces attaques est plus complexe. Pour Ijaz Khan, professeur du département des Relations Internationales de l'université de Peshawar, la recrudescence des attaques des talibans peut être interprétée comme une marque de faiblesse qu'ils tentent de camoufler en redoublant de violences : s'il est difficile de mesurer avec certitude le degré d'emprise des insurgés sur l'ensemble du pays, la mouvance taliban a récemment souffert d'un certain nombre de revers. Traqués, divisés par la mort de leur chef et en proie à des conflits de pouvoir, les talibans ne sont pas un front uni.
Ils dominent certes certaines régions par leur affinités ethniques avec les Pachtounes, ils exploitent les vulnérabilités de leurs adversaires, et leur pouvoir de nuisance les rend difficiles à ignorer.
Mais si la dégradation sécuritaire est indéniable et peu glorieuse au vu de l'investissement occidental en Afghanistan, rien ne garanti que les talibans parviendront à reprendre le contrôle du pays.