Que reste-t-il du programme nucléaire iranien après les frappes américaines ?

Les frappes américaines de juin 2025 sur Natanz, Ispahan et Fordo ont endommagé le programme nucléaire iranien, mais n’ont pas détruit ses capacités, l’Iran conservant des stocks d’uranium enrichi. L’AIEA reste vigilante face aux risques de contamination et à l’escalade des tensions.

« Nos installations nucléaires ont été gravement endommagées », a pour la première fois commenté le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères après l'attaque des « agresseurs israéliens et américains ».

Le programme nucléaire iranien, lancé dans les années 1950 sous le chah avec le soutien des États-Unis, a été bouleversé par les récentes frappes américaines et israéliennes. Dans la nuit du 21 au 22 juin 2025, les États-Unis ont ciblé trois sites majeurs : Natanz, Ispahan et Fordo, ce dernier étant un site souterrain stratégique difficile à atteindre.

Une guerre des récits sur les dégâts

Donald Trump a affirmé que ces attaques avaient « complètement détruit » les capacités d’enrichissement de l’Iran, tandis qu’une note israélienne a confirmé que l’usine de Fordo était « inopérante ». Pourtant, des rapports contradictoires émergent. Un conseiller de l’ayatollah Ali Khamenei a déclaré que l’Iran conservait des stocks d’uranium enrichi, et des médias américains, citant le Pentagone, estiment que les frappes n’ont retardé le programme que de quelques mois, loin des « décennies » revendiquées par Trump.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a détecté aucune fuite radioactive, mais des inquiétudes persistent quant à une possible contamination chimique à Fordo. L’Iran, qui nie tout objectif militaire, dispose d’un stock de 9 247,6 kg d’uranium enrichi, quarante-cinq fois la limite de l’accord de 2015 (JCPOA), dont 400 kg à 60 %, proche du seuil de 90 % nécessaire pour une arme nucléaire.

Frappes spectaculaires, impact limité ?

Selon la CIA, Téhéran pourrait atteindre ce seuil en deux semaines et développer une bombe en six mois. Les frappes, qui ont tué six scientifiques, dont Mohammad Mehdi Tehranchi et Fereydoun Abbasi, visaient à freiner cette progression. Cependant, le savoir-faire iranien, acquis depuis des décennies, rend improbable une destruction totale du programme.

Le président iranien Masoud Pezeshkian a réaffirmé que l’Iran n’arrêterait pas ses activités nucléaires, tandis que le Parlement a voté la suspension de la coopération avec l’AIEA.