L’Iran prône «une nouvelle page» dans ses relations avec Beyrouth

L’Iran, via Abbas Araghtchi, prône à Beyrouth une «nouvelle page» de non-ingérence, face à un Hezbollah affaibli et à l’évolution régionale. Le Liban insiste sur sa souveraineté, tandis que Téhéran cherche à adapter sa diplomatie. Une visite symbolique d’un recalibrage des relations bilatérales.

Le 3 juin 2025, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi, s’est rendu à Beyrouth pour rencontrer le président libanais Joseph Aoun, le Premier ministre Nawaf Salam, le président du Parlement Nabih Berry et son homologue Joe Raggi.

Objectif affiché : ouvrir « une nouvelle page » dans les relations entre l’Iran et le Liban, fondée sur le « respect mutuel » et la « non-ingérence ». Le ministre a réitéré le soutien de Téhéran à la souveraineté et à la stabilité du Liban, tout en insistant sur le renforcement des échanges commerciaux et économiques.

Une perte d'influence iranienne

Cette visite intervient dans un contexte où l’influence iranienne au Liban, longtemps exercée via le Hezbollah, semble s’essouffler avec l’affaiblissement du parti chiite et les bouleversements régionaux. Le Hezbollah, jadis fer de lance de l’Iran au Liban, a subi des revers majeurs depuis la guerre de l’automne 2024 et la mort de son chef, Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre 2024.

Désarmé en partie par l’armée libanaise et privé de sa route d’approvisionnement syrienne, sous contrôle de groupes soutenus par la Turquie et d’Israël, le parti est contraint de se plier aux nouvelles dynamiques régionales.

Le départ d’Assad en décembre 2024 a coupé Téhéran de son principal relais logistique, tandis que le cessez-le-feu de novembre 2024 entre le Hezbollah et Israël limite ses capacités militaires. Le chef de la diplomatie iranienne a d’ailleurs déclaré que le retrait des armes du Hezbollah relevait d’une « décision libanaise », signe d’un recul de l’ingérence iranienne directe.

Le Premier ministre Salam a salué cette volonté de non-ingérence, soulignant que le Liban souhaite des relations bilatérales basées sur la souveraineté et l’indépendance. Cette position reflète les efforts du gouvernement libanais pour restaurer l’autorité de l’État, notamment via le déploiement renforcé de l’armée dans le Sud, en coordination avec la Finul.

Abbas Araghtchi a également évoqué les efforts de l’Iran pour améliorer ses relations avec les pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, suggérant une réorientation diplomatique pour s’adapter au nouvel équilibre régional. Cette visite, marquée par un accueil discret à l’aéroport de Beyrouth, contraste avec l’influence passée de l’Iran, souvent perçue comme intrusive via le Hezbollah.