Ankara juge «malhonnête» la plainte de Bagdad à l’ONU sur l'invasion turque
La Turquie ne retirera pas ses troupes des abords de Mossoul, ville sous le contrôle de Daesh, a fait savoir le président Recep Tayyip Erdogan qui a condamné l’appel irakien au Conseil de sécurité de l’ONU concernant la présence de forces turques.
«Ils peuvent se tourner vers le Conseil de sécurité de l’ONU, c’est leur droit le plus strict, mais c'est un procédé malhonnête. Nous sommes convaincus que les initiatives de l’Irak sont dictées par l’évolution récente de la situation dans la région, notamment par les mesures prises par la Russie et l’Iran», a déclaré le président turc dans son interview à la chaîne Al Jazeera.
Les commentaires d'Erdogan interviennent peu de temps après que l’Irak a envoyé une lettre au Conseil de sécurité pour demander le retrait immédiat et inconditionnel des troupes turques du nord du pays.
Bagdad accuse la Turquie d'incursion alors que ses troupes «s’entraînent» en l’Irak > https://t.co/oe3EsYgaJ9pic.twitter.com/bjVyKzmMum
— RT France (@RTenfrancais) 5 Décembre 2015
«Nous exigeons du Conseil de sécurité que la Turquie retire ses forces immédiatement [...] et qu’elle cesse de violer la souveraineté de l’Irak», a écrit Mohammed Ali Alhakim, ambassadeur irakien auprès de l'ONU dans sa lettre à Samantha Power, présidente du Conseil pour le mois de décembre.
«Nous avons affaire à une violation flagrante des principes de la charte des Nations unies, ainsi que de l'intégrité du territoire irakien et de la souveraineté de l'Irak», affirme le communiqué, cité par Reuters.
سنتخذ جميع الاجراءات ونلجأ الى كل السبل المشروعة لحماية ارضنا وسيادتنا الوطنية ، وان قواتنا المسلحة وابنائنا من الحشد ال...
Posted by Haider Al-Abadi on 11 декабря 2015 г.
Le diplomate a envoyé la dîte lettre suite aux instructions du Premier ministre irakien Haïdar Al-Abad vendredi. Dans sa plainte déposée au Conseil de sécurité de l’ONU, le côté irakien a souligné que toute diplomatie bilatérale avait échoué à résoudre cette crise née d'un «acte agressif».
Il a par ailleurs souligné que toute assistance militaire dans la lutte contre Daesh devait être basée sur des «accords bilatéraux et multilatéraux», tout en respectant scrupuleusement la souveraineté du pays et en oeuvrant avec les forces irakiennes».
Sur sa page Facebook, le Premier ministre irakien a réaffirmé que les actions de la Turquie constituaient une «violation flagrante de la souveraineté de l'Irak». il a également fait savoir que protéger le pays et défendre sa sécurité et sa souveraineté était «un devoir constitutionnel et national». Le Premier ministre a également promis de prendre «toutes les mesures nécessaires» et avoir recours à «tous les moyens légitimes» pour protéger son pays.
Plus tôt dans la semaine, Recep Tayyip Erdogan a prévenu que le retrait de ses troupes d’Irak n’était pas du tout à l’ordre du jour. «Nos militaires ont été envoyés en Irak en tant qu'instructeurs, leur mission consiste à entraîner. Il est hors de question que la Turquie retire ses troupes d'Irak», a-t-il annoncé lors d’une conférence de presse dans la capitale, Ankara.
La semaine dernière, la Turquie a déployé près de 150 soldats et 25 chars dans la province irakienne de Ninive sans en avoir la permission. Selon Ankara, les soldats turcs ont été envoyés dans le cadre d'une mission internationale d'entraînement des combattants kurdes Peshmerga dans leur lutte contre l’Etat islamique.
Bagdad a, à son tour, condamné cette initiative de la Turquie indiquant n'avoir demandé aucune aide aux forces turques ni avoir donné son autorisation pour ce déploiement. Ainsi, pour les autorités irakiennes, il s'agit d'une violation de la souveraineté du pays.
Quels sont des intérêts de la #Turquie en #Irak ? https://t.co/N6voZZZJjXpic.twitter.com/v7W6HqrRAp
— RT France (@RTenfrancais) 8 Décembre 2015