Guerre commerciale: la Chine suspend l’exportation de métaux rares face aux tarifs américains

Pékin a décidé de suspendre l’exportation de métaux rares vers l’étranger, mettant sous pression les industries américaines de l’automobile, de la défense et des semi-conducteurs. Une riposte directe aux nouvelles taxes imposées par Washington.

La Chine a suspendu l’exportation d’un large éventail de métaux des terres rares et d’aimants, un geste fort dans l’intensification du bras de fer commercial avec les États-Unis. Ces matériaux sont cruciaux pour la fabrication de moteurs électriques, de missiles, de drones, de véhicules ou encore de puces électroniques.

D’après The New York Times, les expéditions ont cessé depuis le 4 avril dans plusieurs ports chinois, alors que le gouvernement central met en place un nouveau système de contrôle des exportations. Celui-ci exige désormais des licences spéciales pour exporter six métaux lourds et des aimants, dont 90 % de la production mondiale provient de Chine. Les entreprises étrangères devront patienter entre 45 et 60 jours, voire davantage, pour espérer obtenir ces autorisations.

Il ne s’agit pas d’une première. En 2010, un embargo similaire avait été imposé au Japon lors d’un différend territorial. Cette fois, les restrictions pourraient devenir permanentes pour certaines entreprises, notamment dans le secteur de la défense américaine, comme l’indiquent plusieurs experts cités par The New York Times.

Un effet domino sur les industries occidentales

La mesure chinoise menace directement les chaînes d’approvisionnement de constructeurs automobiles, d’industriels de l’aéronautique, de fabricants de semi-conducteurs et de sous-traitants militaires. Toujours selon The New York Times, « les exportations de ces composants essentiels ont été bloquées dans plusieurs ports, et pourraient être définitivement coupées pour certaines entreprises américaines ».

Michael Silver, PDG d’American Elements, a confié au même média que son entreprise avait anticipé cette crise en constituant des stocks, mais s’inquiète de la lenteur du processus de régulation. De son côté, Daniel Pickard, conseiller au Commerce américain, a averti : « Cette interdiction d’exportation pourrait avoir des conséquences graves pour les États-Unis ».

Certains ports chinois exigeraient désormais des tests pour prouver que les aimants ne contiennent pas de métaux lourds avant de les autoriser à l’exportation, selon The New York Times. Ce durcissement réglementaire pourrait exclure plusieurs clients occidentaux, y compris des sous-traitants du Pentagone.

Une riposte calibrée à la politique de Trump

Cette décision chinoise s’inscrit dans une logique de représailles face aux hausses de tarifs douaniers annoncées par Donald Trump le 2 avril. Les nouveaux droits imposés par Washington atteignent 125 % pour les produits chinois. Pékin a immédiatement répondu par des mesures symétriques, combinées à un renforcement de son contrôle sur les exportations de matières premières stratégiques.

Les restrictions imposées par la Chine touchent particulièrement les métaux lourds rares comme le dysprosium ou le terbium, essentiels dans la fabrication de moteurs à haute performance. The Independent souligne que si l’embargo dure plus de deux mois, les stocks existants dans les pays occidentaux pourraient être épuisés, provoquant une crise d’approvisionnement majeure.

Pour l’économie chinoise, l’impact reste limité. Comme le souligne The New York Times, «les aimants en terres rares représentent une part minime des exportations totales», mais leur blocage a «le potentiel de provoquer des conséquences significatives pour les États-Unis et d’autres pays».

Dans ce contexte de tensions, la Chine utilise sa position dominante sur les métaux rares non comme un simple outil commercial, mais comme un levier géopolitique.