Nouveaux appels à manifester en Turquie suite à l'arrestation du maire d'Istanbul

L'arrestation avant l'aube du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu déclenche des manifestations dans plusieurs villes qui devraient se poursuivre jusqu'au week-end. Dans la soirée du jeudi 20 mars, 53 personnes ont été interpellées et 16 policiers ont été blessés, dans plusieurs villes turques, selon le ministre de l'Intérieur.
L'arrestation avant l'aube du mercredi 19 mars du maire Ekrem Imamoglu a fait descendre des milliers de manifestants dans les rues de plusieurs villes de Turquie. Plusieurs rapports de presse anticipent une poursuite des manifestations jusqu'au week-end. Les protestations s’étaient soldées jusqu’à l’heure de 53 interpellations de manifestants et de 16 policiers blessés, selon le ministre turc de l'Intérieur.
Ces mouvements de protestation ont été suscités pour une deuxième nuit consécutive par l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, dans le cadre d'enquêtes distinctes pour corruption et terrorisme. Imamoglu est membre du Parti républicain du peuple (CHP), un parti laïc, considéré comme l'un des principaux rivaux du président turc Recep Tayyip Erdogan pour la prochaine élection présidentielle de 2028.
Manifestations et arrestations dans plusieurs villes de Turquie
Les manifestations ont été organisées dès le soir du 20 mars devant l'hôtel de ville d'Istanbul. La ville a d’ailleurs été le théâtre d’affrontements entre des petits groupes de manifestants et la police près de la place Taksim, qui est désormais clôturée par des barrières. Cette place est connue pour avoir été le théâtre d’un mouvement protestataire en 2013.
Dans la capitale turque Ankara, la police a eu recours aux canons à eau pour disperser les protestataires à l'université technique du Moyen-Orient. Plusieurs autres villes turques ont, elles aussi, connu des manifestations, mais de moindre ampleur que celles d’Ankara et d’Istanbul, notamment à Izmir, sur la côte est turque, et à Adana, dans le sud de la Turquie.
Selon des rapports de presse, le maire d’Istanbul a été arrêté lors d'une perquisition qui avait eu lieu dans la nuit du mercredi, et ce, quelques jours seulement avant l'annonce de sa candidature à la présidentielle de 2028 face au président actuel Recep Tayyip Erdogan. Les mêmes sources font état de l’arrestation de dizaines de personnalités, dont des journalistes, des hommes d'affaires et des membres du personnel de la municipalité d'Istanbul.
De multiples accusations
Ekrem Imamoglu fait actuellement l’objet de plusieurs chefs d'accusation, dont notamment les accusations de «corruption, extorsion, fraude aggravée et obtention illégale de données personnelles à des fins lucratives dans le cadre d'une organisation criminelle», ainsi qu'à des accusations distinctes de collaboration présumée avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, classé comme «organisation terroriste» en Turquie) durant les élections municipales.
En début de semaine, une université turque a justifié l’annulation du diplôme d'Imamoglu par la présence d’«irrégularités», une décision pouvant mener à son exclusion de la course présidentielle turque. Les accusations dont le maire d’Istanbul fait l’objet viennent s’ajouter à une longue liste d'enquêtes judiciaires à son encontre, remontant à 2022 pour certaines.
S’adressant, au soir du 20 mars, à un rassemblement de manifestants devant l'hôtel de ville d'Istanbul, le leader du CHP, Ozgur Ozel, a appelé ses partisans à poursuivre les manifestations, d’où les prévisions d’une poursuite des mouvements de protestation durant le week-end.