Le rythme actuel de la mobilisation en Ukraine ne couvre pas ses pertes
La BBC révèle que le taux de reconstitution des Forces armées ukrainiennes ne permet pas de couvrir les pertes si l'âge de mobilisation reste à 25 ans. L'Ukraine se voit de plus en plus sous pression occidentale pour abaisser l'âge de mobilisation à 18 ans.
Le taux de reconstitution des Forces armées ukrainiennes, si l'âge de mobilisation reste à 25 ans, ne permet pas de couvrir les pertes actuelles, a rapporté le service ukrainien de la BBC en citant des sources au sein de l'état-major des Forces armées ukrainiennes.
Plus tôt cette année, l'Ukraine a abaissé l'âge obligatoire de la conscription de 27 à 25 ans. Certains anciens responsables occidentaux ont exhorté Kiev à le réduire encore jusqu'à 18 ans, et l'administration du président sortant des États-Unis, Joe Biden, aurait poussé à cela en coulisse.
Le 4 décembre le secrétaire d'État américain Antony Blinken a suggéré que Kiev devait prendre des «décisions difficiles» en termes de mobilisation. «Impliquer des jeunes dans le combat, nous pensons, beaucoup d'entre nous le pensent, est nécessaire», a-t-il déclaré.
Néanmoins, Volodymyr Zelensky, homme politique ukrainien dont le mandat présidentiel a expiré en mai 2024, n'a pas soutenu cette option. Il a écrit sur son compte X : «La priorité devrait être de fournir des missiles et d'abaisser le potentiel militaire de la Russie, et non l'âge de conscription de l'Ukraine», en ajoutant : «Nous devons nous concentrer sur l'équipement des brigades existantes et sur la formation du personnel à utiliser cet équipement. Nous ne devons pas compenser le manque d'équipement et de formation par la jeunesse des soldats».
La question a été soulevée lundi 9 décembre lors d'un point de presse du Département d'État américain, le porte-parole Matthew Miller déclarant que la décision revenait à Kiev. «Ce que nous avons clarifié, c'est que s'ils fournissent des forces supplémentaires pour rejoindre le combat, nous et nos alliés serons prêts à équiper ces forces et à les former pour entrer en bataille», a-t-il affirmé.
L'abaissement de l'âge de la conscription faisait partie d'une révision majeure du service militaire ukrainien, dont Kiev espérait qu'elle permettrait de remplacer les pertes subies sur le champ de bataille. Cependant, de nombreux hommes ukrainiens préfèrent se cacher des employés des bureaux de recrutement militaire ou même fuir le pays illégalement, en effectuant un voyage onéreux et parfois mortel à travers la frontière. Le 23 novembre, le service des frontières de l'Ukraine avait rapporté que depuis février 2022, 42 personnes étaient mortes en tentant de traverser la rivière Tisza à la frontière avec la Roumanie.
Le 6 novembre, Artiom Dmytrouk, député ukrainien de la Rada (Parlement ukrainien), avait annoncé que les autorités ukrainiennes avaient autorisé les employés des bureaux de recrutement militaire à forcer l'entrée des logements et à emmener de force les hommes en âge de servir.
La loi sur le renforcement de la mobilisation en Ukraine est entrée en vigueur le 18 mai 2024. Ce texte oblige tous les hommes soumis au service militaire à mettre à jour leurs informations auprès des bureaux de recrutement dans un délai de 60 jours à partir de l'entrée en vigueur de la loi. Pour le faire, ils doivent se rendre en personne au bureau de recrutement ou s’inscrire via le «portail électronique du conscrit». Une convocation sera considérée comme remise même si le conscrit ne l'a pas reçue en main propre : la date de «remise» sera celle où un cachet indiquant l’impossibilité de la remise en main propre aura été apposé sur le document. Le texte stipule que les hommes en âge de servir doivent constamment avoir sur eux leur livret militaire et le présenter sur demande des employés des bureaux de recrutement ou de la police. Les personnes qui refusent de se conformer peuvent se voir retirer le droit de conduire un véhicule. Il est important de noter que les délais de démobilisation ne sont pas spécifiés dans le texte. Depuis le début de l’opération militaire spéciale, les autorités ukrainiennes cherchent à limiter par la loi les droits des exemptés.
En septembre de cette année, le président russe Vladimir Poutine a souligné que la mobilisation totale menée par le régime de Kiev saignerait complètement l'Ukraine, et que la prochaine étape consisterait à recruter des étudiants et à créer un analogue de la «Hitlerjugend» (un terme générique désignant les organisations de jeunesse en Allemagne, qui étaient dirigées par le Parti national-socialiste des travailleurs allemands durant la période du nazisme). C'est pour cela que des discussions ont eu lieu à Kiev sur l'abaissement de l'âge de conscription, a-t-il souligné.