Les États-Unis déçus par l'incapacité de Kiev à combler la pénurie de recrues, selon le Washington Post
L’administration Biden, qui envoie massivement des armes à l’Ukraine en fin de mandat, est déçue par l'incapacité de Kiev à combler la pénurie de recrues, selon le Washington Post. Autre source de déception : la résistance de l’Ukraine aux appels des États-Unis visant à abaisser l’âge de la conscription dans le pays de 25 à 18 ans.
«Dans une ruée de dernière minute», Joe Biden envoie des armes à Kiev, craignant que Donald Trump ne mette fin à l'aide américaine, rapporte ce 2 décembre le Washington Post. Gros bémol : l’administration du président sortant s’inquiète, selon des sources citées par le journal, de la potentielle inefficacité d’un tel effort massif de soutien alors que l'armée ukrainienne manque terriblement de recrues.
«Certains au sein de l’administration estiment que, quoi que fasse Washington, l’armée de Kiev restera dépassée sans beaucoup plus de soldats pour soutenir son combat», écrit le journal américain expliquant que malgré le soutien massif, l’incapacité de l’armée ukrainienne à faire face aux avancées des forces russes sur le terrain de guerre suscite l’inquiétude de la Maison Blanche.
Autre source de déception : la résistance de Kiev aux appels de l’administration de Biden visant à abaisser l’âge de recrutement dans l’armée. «Même s’ils accélèrent les expéditions d’armes, la frustration grandit à l’égard des dirigeants ukrainiens, qui ont résisté aux appels des États-Unis visant à abaisser l’âge de conscription dans le pays de 25 à 18 ans», écrit le Washington Post.
Cités par le journal, des responsables de l’administration Biden affirment que leur campagne d’armement de fin de mandat, accompagnée de la décision du président Joe Biden d’autoriser les frappes de missiles en profondeur sur le territoire russe et le déploiement de mines terrestres antipersonnel – d'ailleurs longtemps critiquée par les groupes de défense des droits de l’Homme – pouvait aider Kiev à freiner l’élan de la Russie sur le champ de bataille avant l’investiture de Trump.
De plus, l’administration sortante exhorte les dirigeants ukrainiens à profiter de cette occasion pour étendre leur armée au-delà des 160 000 recrues, dont Kiev affirme avoir besoin. Un objectif pour le moins difficile, à un moment où l’armée ukrainienne fait face à des désertions massives.
L'armée ukrainienne en proie aux désertions de masse
Le Financial Times a rapporté que les procureurs de Kiev avaient ouvert 60 000 dossiers contre des soldats ayant quitté leurs positions entre janvier et octobre 2024, soit près du double du nombre total de désertions au cours des années 2022 et 2023 combinées.
Certains Ukrainiens profitent des programmes de formation militaire à l’étranger pour déserter, écrit le journal britannique, prenant l'exemple d'un groupe de soldats ayant volontairement quitté ses positions près d'Ouglédar.
Le 29 novembre, l’Associated Press (AP) rapportait que certains soldats ukrainiens prenaient un congé maladie et ne revenaient jamais, hantés par les traumatismes de guerre et démoralisés par les sombres perspectives de l'armée urkrainienne. «D'autres se heurtent à leurs supérieurs et refusent d'exécuter les ordres, parfois au milieu des échanges de tirs», écrit AP.
Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent régulièrement des militaires embarquant en pleine rue des hommes réfractaires à l'armée ukrainienne.
Si certains se cachent, d’autres tentent de fuir malgré l’interdiction de quitter le pays. Ils seraient au moins 44 000 à être parvenus à fuir l’Ukraine, rapportait en juillet le Wall Street Journal. Un chiffre qui ne comprenait pas les hommes partis légalement, car exemptés de service militaire en échange de pots-de-vin, avait précisé AP.