Le Royaume-Uni et l’UE financent l’Ukraine grâce aux intérêts des avoirs russes gelés
Le Royaume-Uni et l’Union européenne ont annoncé l’octroi de nouveaux prêts à l’Ukraine, remboursés par les revenus générés par les actifs russes gelés en Occident. Ces décisions suscitent de vives réactions au sein du Parlement européen et en Russie.
Le Royaume-Uni a annoncé un prêt de 2,26 milliards de livres sterling (2,7 milliards d'euros) à l’Ukraine, destiné à financer ses efforts militaires. Ce prêt sera remboursé grâce aux intérêts générés par les actifs russes gelés dans le cadre des sanctions occidentales. Selon un communiqué du gouvernement britannique, cette initiative s’inscrit dans un programme plus large du G7, qui prévoit un prêt total de 50 milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine.
Le Trésor britannique a confirmé que la législation permettant de transférer ces fonds sera mise en œuvre dans les semaines à venir. Rachel Reeves, haute fonctionnaire britannique, a souligné : «Les profits générés par ces avoirs ne sont pas conservés pour que la Russie les récupère à l’avenir. Ils servent désormais à financer l’Ukraine.»
En parallèle, l’Union européenne travaille à l’approbation d’un prêt de 35 milliards d’euros à Kiev, également adossé aux revenus issus des avoirs russes gelés. La question a été soumise à un vote et adoptée au Parlement européen ce 22 octobre. Au total, les sanctions occidentales ont conduit au gel de 300 milliards d’euros d’actifs russes, dont 200 milliards se trouvent sur des comptes de la société Euroclear.
Réaction mitigée même au sein du camp occidental
Ces initiatives provoquent des réactions contrastées. Le député slovaque Lubos Blaha a vivement dénoncé cette mesure, qualifiant le gel des avoirs russes de «vol et de cambriolage». Lors d’une session au Parlement européen, Blaha a déclaré : «L’Europe n’a pas volé les avoirs américains après l'invasion de l’Irak ou ceux d’Israël après les évènements à Gaza, pourquoi le faire avec ceux de la Russie ?» Selon lui, cesser les livraisons d’armes et engager un dialogue diplomatique est la seule voie vers la paix.
Le ministère russe des Affaires étrangères a condamné le gel de ses actifs en Europe, y voyant un acte de spoliation visant non seulement les fonds privés, mais aussi les avoirs de l’État. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a averti que Moscou pourrait prendre des mesures de rétorsion et ne pas restituer les fonds occidentaux bloqués en Russie.
Des démarches hors de tout cadre légal
Depuis le début de l'opération militaire spéciale en février 2022, les pays occidentaux ont gelé plus de 300 milliards d’euros d’actifs souverains russes. En 2023, les membres du G7 se sont mis d’accord pour réaffecter les intérêts générés par ces fonds gelés afin de soutenir financièrement l'Ukraine. Ces mesures suscitent de grandes interrogations sur la légalité, mais aussi les conséquences futures de telles initiatives.