En octobre, les Emirats arabes unis ont envoyé secrètement des centaines de mercenaires issus de Colombie, du Chili, ou de Panama dans le conflit du Yémen, selon plusieurs sources impliquées dans le projet, citées par le journal américain New York Times.
Dès 2010, le pays avait lancé un programme de recrutement de troupes en provenance du continent américain, et particulièrement de Colombie, réputée pour fournir des combattants habitués à la guerre et aux tactiques de guérilla.
D’abord géré par une compagnie militaire privée connectée à Erik Prince, le fondateur du groupe Blackwater, une armée privée utilisée par les Etats-Unis en Irak et en Afghanistan, le projet est ensuite progressivement passé dans les mains des autorités militaires des Emirats. Destinées jusque-là à des missions domestiques, ces troupes sud-américaines auraient été envoyées le mois dernier pour combattre au Yémen aux côtés de la coalition saoudienne, selon le quotidien new-yorkais.
L’arrivée de ces nouvelles troupes complexifie encore le conflit du Yémen, qui met aux prises les rebelles chiites Houtis avec l’armée gouvernementale, soutenue par une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite et incluant une aide logistique des Etats-Unis. A cela viennent également s’ajouter différentes milices, des tribus armées, des réseaux terroristes, et des mercenaires.
L’Arabie saoudite fait ainsi appel à des centaines de combattants soudanais qui se battent au sein de la coalition. Selon un rapport des Nations Unies, 400 combattants en provenance d’Erythrée seraient aussi engagés en violation d’une résolution qui impose des restrictions militaires à ce pays.
Comme l’explique Sean McFate, membre du think tank Atlantic Council, au New York Times, «les mercenaires sont une option attirante pour les pays riches qui veulent financer une guerre» sans pouvoir impliquer leurs propres troupes. Il estime que l’utilisation de ce type de combattants par les monarchies du Golfe dans le conflit yéménite risque de s’intensifier dans les années à venir.
L’action de la coalition militaire saoudienne au Yémen, à laquelle participent les Emirats arabes unis, a été plusieurs fois critiquée par les associations de défense des droits de l’homme. Un rapport des Nations Unies, publié en septembre, estimait à 2 355 le nombre de civils tués depuis le lancement de la coalition en mars. En octobre, des raids saoudiens ont frappé un hôpital de l’ONG Médecins sans Frontières dans le nord du Yémen.