Pakistan : les candidats pro-Imran Khan en tête des élections générales, plusieurs morts dans des violences

- Avec AFP

Pakistan : les candidats pro-Imran Khan en tête des élections générales, plusieurs morts dans des violences© Aamir QURESHI Source: AFP
L’ancien Premier ministre et chef du parti de la Ligue musulmane du Pakistan (PML) Nawaz Sharif (au centre), ainsi que son frère cadet et ancien Premier ministre Shehbaz Sharif (à droite) et sa fille Maryam Nawaz (à gauche) à Lahore, le 9 février 2024 (photo d'illustration).
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Les partisans de l'ex-Premier ministre Imran Khan, actuellement emprisonné, sont toujours en tête des élections générales au Pakistan ce 9 février soir à l'approche de la fin du décompte, mais avec une avance limitée sur les deux grands partis dominant traditionnellement la scène politique.

À l'approche de la fin du décompte, les partisans de l'ex-Premier ministre Imran Khan conserveraient une avance limitée sur les deux grands partis dominant traditionnellement la scène politique pakistanaise.

Même si ces résultats se confirment, cela ne signifie pas que le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti d'Imran Khan, qui a surpassé les attentes, sera en mesure de former un gouvernement. Aucun des trois blocs ne pouvant plus obtenir la majorité absolue, le vainqueur devra nouer des alliances. Toutes les options restent donc ouvertes quant à la composition de cette coalition. La Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de Nawaz Sharif, qui était la favorite du scrutin, reste la mieux placée pour y parvenir.

«Nous n'avons pas la majorité pour former le gouvernement seuls, donc nous invitons les autres partis et les candidats vainqueurs à travailler avec nous», a déclaré celui qui a déjà exercé trois mandats de Premier ministre, au quartier général de son parti à Lahore.

Nawaz Sharif, 74 ans, qui est rentré au Pakistan en octobre après quatre années d'exil à Londres, aurait le soutien de l'armée, selon les observateurs. Le parti d'Imran Khan n'a pas été autorisé à figurer sur les bulletins de vote, ce qui a contraint ses candidats à concourir en tant qu'indépendants. Malgré tout, les derniers résultats officiels préliminaires donnent 92 sièges aux indépendants - très majoritairement liés au PTI - pour le scrutin législatif, contre 63 pour la PML-N.

Le Parti du peuple pakistanais (PPP), de Bilawal Bhutto Zardari, représentant l'autre dynastie politique du pays, fait aussi mieux que prévu avec 50 sièges, selon la Commission électorale.

Ces résultats annoncés portent sur 225 des 266 circonscriptions en jeu. La lenteur du dépouillement n'a fait qu'ajouter aux soupçons de manipulations à l'encontre du PTI.

Un dépouillement lent pour une compétition serrée

Les candidats soutenus par le PTI ont surtout remporté des sièges dans la province du Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest), son fief, où deux partisans du PTI ont été tués et 24 blessés dans des émeutes vendredi soir. Ce sont les premières violences postélectorales rapportées depuis le scrutin du 8 février.

«Deux manifestants ont été frappés par des pierres et ont perdu la vie» dans le district de Shangla, a déclaré à l'AFP un responsable de la police locale, Sahibzada Sajjad Ahmed.

Des manifestations ont aussi eu lieu à Peshawar, la capitale du Khyber Pakhtunkhwa, et à Quetta au Baloutchistan (sud-ouest). Pour beaucoup d'électeurs d'Imran Khan, le délai dans la publication des résultats a renforcé la conviction que la victoire leur était volée.

«On nous a changé nos résultats [...] Le gouvernement devrait recompter tous les votes», a affirmé Muhammad Saleem, un commerçant de 28 ans qui s'est joint à quelque 2 000 partisans du PTI ayant bloqué une grande artère de Peshawar.

La Commission a invoqué des «problèmes d'internet» pour expliquer la lenteur du processus. La coupure par les autorités des services de téléphonie et d'internet mobiles le 8 février avait déjà alimenté les doutes quant à la régularité des élections.

L'Assemblée nationale compte 336 députés, mais 70 sièges y sont réservés aux femmes et aux minorités religieuses et alloués à la proportionnelle. Le PTI n'étant pas autorisé à concourir sous ses propres couleurs, il ne peut prétendre à aucun de ces sièges additionnels.

Les indépendants ne peuvent former eux-mêmes un gouvernement et disposent de 72 heures pour décider s'ils rejoignent un groupe parlementaire ou non, ce qui joue aussi contre le PTI. Cela laisse le temps aux autres partis de courtiser les indépendants soutenus par le PTI et de les pousser à les rejoindre, une pratique courante au Pakistan.

Des élections endeuillées par des attentats

«Même si le PTI n'arrive pas à former un gouvernement, les élections montrent qu'il y a une limite à la manipulation électorale», a toutefois déclaré à l'AFP Bilal Gilani, directeur exécutif de l'institut de sondage Gallup Pakistan. «Cela montre que l'armée n'obtient pas toujours ce qu'elle veut».

Le ministère de l'Intérieur a indiqué ce 9 février que 61 attaques avaient eu lieu le 8 février, jour du vote. Elles ont fait 16 morts et 54 blessés. La veille, 28 personnes avaient péri dans deux attentats à la bombe revendiqués par le groupe djihadiste État islamique (EI), dans la province du Baloutchistan (sud-ouest).

La campagne avait été marquée par des accusations de «fraudes pré-électorales», avec la mise à l'écart du populaire Imran Khan, 71 ans, condamné à trois longues peines de prison, et la répression à l'encontre de son parti.

La PML-N et le PPP avaient formé un gouvernement de coalition, sous la direction de Shehbaz Sharif, le frère de Nawaz, après l'éviction d'Imran Khan du poste de Premier ministre par une motion de censure en avril 2022.

Le PPP s'était ensuite distancé de la PML-N pendant la campagne et semble avoir moins pâti de l'impopularité de ce gouvernement. Son chef, Bilawal Bhutto Zardari, 35 ans, fils de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto assassinée en 2007, a évoqué des résultats «très encourageants».

La posture anti-establishment d'Imran Khan, ancienne star du cricket, explique que sa popularité soit restée intacte, malgré un passage au pouvoir marqué par une détérioration de la situation économique. Il a défié de front l'armée, qui a dirigé le pays pendant des décennies et était pourtant soupçonnée de l'avoir soutenu en 2018. Il l'a accusée d'avoir orchestré sa chute en 2022 et lui a attribué ses ennuis judiciaires.

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