Gaza : Israël prépare son offensive terrestre, la population essaie d'évacuer le nord
- Avec AFP
Israël poursuit le 15 octobre ses préparatifs en vue d'une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza, pilonnée sans relâche, au neuvième jour de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre par le mouvement islamiste Hamas sur son sol. Le bilan humain dans la bande de Gaza s'élève à 2 239 morts dont 700 enfants.
Israël a pressé les habitants du nord du territoire palestinien, environ 1,1 million de personnes sur un total de 2,4 millions de Gazaouis, de «ne pas tarder» à évacuer vers le sud, où ils continuent d'affluer par dizaines de milliers.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui s'est engagé à anéantir le Hamas, a réaffirmé sa détermination samedi 15 octobre, auprès des troupes israéliennes déployées près de la bande de Gaza. «Vous êtes prêts pour ce qui vient? Ca va continuer», a-t-il lancé.
Plus de 1 300 personnes ont été tuées lors de l'attaque du 7 octobre par les commandos du Hamas, surtout des civils, dont des enfants, et au moins 120 personnes prises en otage, selon des responsables israéliens. Des centaines de personnes restent portées disparues, et des corps sont toujours en cours d'identification.
La riposte israélienne a tué dans la bande de Gaza plus de 2 239 personnes, dont plus de 700 enfants, selon le ministère palestinien de la santé. Elle a fait plus de 9 042 blessés, toujours selon les autorités locales.
L'armée israélienne a annoncé samedi 14 octobre au soir avoir retrouvé lors d'incursions dans le territoire «des cadavres» d'otages enlevés par le Hamas, sans plus de précisions. Le Hamas avait fait état plus tôt de 22 otages tués dans les frappes israéliennes.
L'évacuation massive, et la perspective d'une offensive terrestre dans un territoire surpeuplé, désormais placé sous un strict siège, suscitent de vives critiques et inquiétudes au sein de la communauté internationale.
Des couloirs humanitaires pour Gaza ?
Samedi 14 au soir, le président américain Joe Biden a souligné à M. Netanyahu œuvrer avec l'ONU et des pays du Moyen-Orient «pour veiller à ce que les civils innocents aient accès à l'eau, à la nourriture et aux soins médicaux». Il a également assuré le président palestinien Mahmoud Abbas de son «soutien total» dans ses efforts pour apporter de l'aide humanitaire aux Palestiniens, «en particulier à Gaza», où les habitants sont privés d'approvisionnement en eau, électricité ou nourriture. Dans son appel téléphonique avec Biden, Abbas, a pour sa part plaidé pour « l'ouverture de corridors humanitaires dans la bande de Gaza », selon l'agence de presse palestinienne Wafa.
Plus tôt, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait réclamé un accès humanitaire «immédiat» à Gaza, soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans. L'Egypte contrôle la seule ouverture de Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien, le point de passage de Rafah, actuellement fermé.
L'aide humanitaire arrivée de plusieurs capitales s'empile dimanche dans le Sinaï égyptien, frontalier de Gaza bombardée et assiégée par Israël, sans toutefois rejoindre l'enclave palestinienne, rapportent des témoins à l'AFP.
Et dans la nuit de samedi à dimanche, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a prévenu que l'évacuation forcée de plus de 2.000 patients d'hôpitaux du nord vers les établissements débordés du sud pourrait être «l'équivalent d'une peine de mort».
Dans le sud de Gaza, les déplacés tentent de trouver abri, nourriture et eau. A Rafah, des dizaines de familles ont investi une école des Nations unies, entassant linge, matelas et paquets dans les classes et la cour de récréation, a constaté un journaliste de l'AFP.
Plus au nord, c'est dans la cour de l'hôpital Nasser, à Khan Younès que se pressent des milliers de déplacés. «C'est un désastre, il n'y a rien à manger, nous ne savons pas où dormir, nous ne savons pas quoi faire et où aller», se lamente Juma Nasser, un quadragénaire.
Plus de 423.000 Gazaouis ont quitté leur foyer depuis le début des frappes, et 5.540 maisons ont été détruites, selon l'ONU.
Israël revendique avoir tué deux chefs du Hamas
Redoutant un embrasement régional, les Etats-Unis ont annoncé samedi l'envoi d'un second porte-avions en Méditerranée orientale «pour dissuader les actions hostiles contre Israël», selon le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a pour sa part accusé samedi 14 octobre Israël de «crimes de guerre» à Gaza, et dit refuser le «déplacement» des Palestiniens. Le mouvement palestinien est de son côté régulièrement accusé par Israël d'utiliser les civils comme boucliers humains.
Israël a annoncé la mort de deux chefs militaires du Hamas, des meneurs, selon l'armée de l'attaque du 7 octobre.
L'Arabie saoudite a pour sa part suspendu les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël, et appelé samedi à un «cessez-le-feu immédiat». Son prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, a reçu dimanche matin le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, en tournée dans la région.
«L'action d'Israël est allée au-delà de l'auto-défense» selon Pékin
Blinken avait appelé samedi 14 octobre la Chine, partenaire de l'Iran, qui soutient le Hamas, à user de son influence pour apaiser la situation au Moyen-Orient. Dans des propos diffusés le 15 octobre, le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi a jugé que «l'action d'Israël est allée au-delà du domaine de l'auto-défense» et que ses dirigeants doivent cesser de «punir collectivement la population de Gaza».
Vladimir Poutine, s’il estime qu’Israël a essuyé une attaque «sans précédent», perpétrée avec «cruauté» de la part du Hamas, a jugé toutefois «inacceptable» que la population de la bande de Gaza puisse en payer le prix, soulignant le 13 octobre les bonnes relations que Moscou entretient à la fois avec les pays arabes et Israël.
La tension est vive aussi à la frontière nord d'Israël, où l'armée israélienne a annoncé samedi 15 octobre avoir tué « plusieurs terroristes » qui tentaient de s'infiltrer. Le Hamas a confirmé le 15 octobre la mort de trois combattants infiltrés depuis le Liban après avoir « fait sauter la clôture frontalière ».
Selon l'ONG Reporters sans frontières (RSF), 10 journalistes ont été tués dans la région en cette « semaine sanglante » pour la profession, dont sept à Gaza et au Liban. Un journaliste vidéo de l'agence Reuters a été tué et six autres journalistes de l'AFP, Reuters et Al-Jazeera blessés vendredi dans des bombardements dans le sud du Liban. L'armée israélienne a déploré ce décès et indiqué « enquêter », sans reconnaître explicitement une responsabilité. L'armée libanaise l'a accusée d'être responsable du tir.