Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a qualifié d'«irresponsable» l'exigence de l'opposition de faire arrêter Vladimir Poutine, convié du 22 au 24 août au sommet des BRICS de Johannesburg.
Depuis la mi-mars, le président russe est visé par un mandat de la Cour pénale internationale (CPI), qui l'accuse, ainsi que sa commissaire aux droits de l’enfant Maria Lvova-Belova, du crime de guerre de «déportation illégale» d'enfants ukrainiens. Des accusations que rejettent en bloc les autorités russes.
L'Alliance démocratique (DA), parti d'opposition considéré comme centriste et libéral, a tenté via la justice de forcer le gouvernement à s'assurer que le président russe serait arrêté et livré à la CPI s'il venait à entrer sur le territoire. L'Afrique du Sud reconnaît l'autorité de cette cour via la signature et la ratification du Statut de Rome, contrairement aux Etats-Unis, à la Russie ou encore à l'Ukraine.
Dans une déclaration sous serment rendue publique par la justice ce 18 juillet, Cyril Ramaphosa a estimé que la Russie avait «clairement indiqué que toute arrestation de son président en exercice équivaudrait à une déclaration de guerre». «Cela ne serait pas cohérent avec notre constitution de risquer d'engager le pays dans une guerre avec la Russie», a-t-il écrit, estimant que cela contreviendrait à son devoir de protéger le pays.
L'opposition libérale espérait faire arrêter Poutine
La DA avait annoncé saisir la justice après la publication par Pretoria d'une note, début juin, visant à garantir l'immunité diplomatique aux participants des différentes réunions des BRICS organisées dans le pays. «Chaque fois que l'Afrique du Sud accueille une conférence ou un sommet international, nous publions au Journal officiel les immunités et privilèges diplomatiques, cela n'a rien d'extraordinaire», s'était défendue la diplomatie sud-africaine, à l’issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des BRICS.
Depuis l’éclatement du conflit en Ukraine, l’exécutif sud-africain est critiqué pour sa politique de non-alignement et son refus de condamner l’offensive russe. En mai, l’ambassadeur américain a accusé Pretoria d’avoir fourni des armes et des munitions à Moscou, à l’occasion de l’escale fin 2022 d’un cargo russe dans une base navale du pays. Partisan du dialogue, Cyril Ramaphosa a notamment été à la tête d’une initiative diplomatique de chefs d'Etat qui s’est rendue mi-juin en Ukraine et en Russie afin de plaider en faveur d’une résolution politique du conflit.