Thomas de Maizière, a indiqué disposer «d’indications selon lesquelles» le passeport syrien retrouvé aux alentours du Stade de France relève d’une «piste orchestrée par le groupe Etat islamique», une «manœuvre d'échecs (…) pour inquiéter les gens». Évoquant qu’une autre personne ayant le même nom avait été arrêtée en Serbie ce lundi, Thomas de Maizière a indiqué que l’homme s'était fait enregistrer en Grèce, en Serbie et en Croatie, alors que l'écrasante majorité des migrants refusent toute forme d'enregistrement avant d'arriver en Allemagne. Cependant, le ministre, reconnaît qu’il n’est «pas (…) possible d'exclure qu'il s'agisse d'un terroriste venu en Europe, en France, probablement via l'Allemagne».
Alors que le pays a annoncé sa volonté d’accueillir jusqu’à 1 100 000 migrants cette année, et compte sur le système de répartition mis en place par la Commission européenne afin de soulager le pays de cette intense pression migratoire, la nouvelle de la présence d’un individu s’étant enregistré comme demandeur d’asile parmi l’équipe de terroristes ayant mené la série d’attaques qui a touché Paris et Saint Denis, met les autorités allemandes dans l’embarras.
En effet, dans ces conditions, justifier l’accueil de centaines de réfugiés en Allemagne, qui atteindra dans certaines communes allemandes un ratio de 7 migrants pour un local, semble difficile. La montée en puissance de Pegida, des forces néo-nazies, ou encore d'autres partis plus modérés mais réticents à recevoir les migrants tels que l'Alternative pour l'Allemagne, ne facilite pas cette tâche.
Ainsi en est-il avec les pays de l’Est, déjà réticents à accepter le système de quota de répartition et qui voient dans les attaques de Paris une opportunité pour donner davantage de poids à leur opposition. La Pologne a déjà fait savoir qu’elle ne voyait pas la «possibilité politique de respecter» ce schéma de répartition, et la Hongrie a elle indiqué ce mardi qu’elle irait devant la Cour européenne de justice pour casser cette décision. Victor Orban a en effet déclaré : «tant que ce gouvernement respirera, il n’y aura pas de quota et nous ne reprendrons aucun migrant».
Thomas de Maizière semble donc jouer de l’ambiguïté causée par le fait que le passeport utilisé par le terroriste était très probablement un faux. Cette donnée, qui fait l’unanimité chez les commentateurs, ne remet néanmoins pas en cause l’identification par empreinte digitale confirmée par les autorités grecques, ainsi que par le procureur de la République François Molins le 16 novembre. Si le doute concernant le véritable nom du terroriste est permis - une source l’attribuant d’ailleurs à un ex-soldat de l’armée loyaliste syrienne, les données relatives aux empreintes digitales ne peuvent mentir, à moins de considérer que les autorités grecques ne soient infiltrées par l'Etat islamique, qui aurait falsifié le registre de données d'enregistrement des réfugiés arrivant en Europe pour, selon les mots du ministre, «radicaliser» le débat migratoire.
Lire aussi : Le kamikaze du Stade de France a-t-il été filmé en train de danser dans un camp en Serbie ?