Nord Stream : les services néerlandais avaient averti la CIA, selon plusieurs médias européens
Selon une enquête de plusieurs médias européens, trois mois avant l'explosion du Nord Stream, les services secrets hollandais ont prévenu la CIA que les Ukrainiens projetaient de saboter le gazoduc. La CIA aurait alors tenté de dissuader Kiev.
Après avoir reçu un rapport «alarmant» de la part du renseignement miliaire néerlandais (MIVD), la CIA aurait en juin 2022 «mis en garde l’Ukraine de ne pas faire exploser» le Nord Stream. Telles sont les affirmations de la chaîne publique néerlandaise Dutch NOS,dans une enquête publiée le 13 juin et menée en collaboration avec la chaîne allemande ARD et l'hebdomadaire Die Zeit.
«Les Hollandais tenaient eux-mêmes l'information d'une source ukrainienne», poursuivent les journalistes. Le sabotage de juin aurait été «annulé», mais lorsqu’en septembre le gazoduc a été détruit, «le scénario était quasiment identique à celui exposé par le MIVD trois mois plus tôt».
Ces nouvelles révélations après celles du Washington Post le 6 juin. L'hebdomadaire américain avait rapporté qu'une agence de renseignement d'un pays européen, sans l'identifier, avait prévenu la CIA en juin 2022 que des forces spéciales ukrainiennes comptaient faire exploser le gazoduc Nord Stream. L'enquête du Dutch NOS, de l'ARD et du Zeit semble semble ainsi ajouter une pièce manquante au puzzle.
Lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue britannique à Amsterdam, le 13 juin, la ministre néerlandaise de la Défense Kajsa Ollongren s'est refusée à tout commentaire au sujet de ces publications, arguant qu'«[elle] ne pouvai[t] parler du travail de [leurs] services de renseignement» et qu'une enquête était en cours, diligentée par l'Allemagne, la Suède et le Danemark.
Une enquête qui piétine, aux conclusions «gênantes»
Depuis son ouverture il y a plusieurs mois, l'enquête n'a donné aucun résultat probant. Selon une source néerlandaise des services de renseignement, qui s'est confiée à la chaîne NOS, il ne serait inutile d'attendre que la lumière soit faite prochainement. «Je soupçonne que l'issue de l'enquête est une vérité gênante», a-t-il ajouté, sans donner davantage de détails.
Lors d'une interview donnée le 7 juin à Kiev, le président ukrainien a nié catégoriquement être à l'origine de la destruction du gazoduc. Or, selon les rapports néerlandais, le général ukrainien Valeri Zaloujny serait l'instigateur de l'opération, à l'insu de Volodymyr Zelensky. D'après le plan intercepté par le MIVD, une petite unité de plongeurs de combat aurait loué un voilier appartenant à une compagnie polonaise pour aller saboter le gazoduc, la Pologne servant de base arrière pour l'opération, assurent les auteurs de l'enquête.
Les gazoducs Nord Stream 1 et 2, devant transporter du gaz naturel de la Russie vers l'Allemagne, ont été frappés par des explosions sous-marines le 26 septembre et ainsi rendus inopérants, privant potentiellement Moscou de milliards de dollars de revenus. Plusieurs pays, dont la Russie, l'Ukraine et les Etats-Unis, avaient été accusés d'en porter la responsabilité, mais tous s'en étaient défendus.