«Revenants» : Londres confirme la déchéance de nationalité d’une adolescente partie rejoindre Daesh
- Avec AFP
La justice britannique a confirmé ce 22 février la déchéance de nationalité de Shamima Begum, qui en 2015 était partie à 15 ans en Syrie pour rejoindre le groupe djihadiste Daesh.
Shamima Begum ne reverra pas de sitôt l’Angleterre. Déchue en février 2019 de sa nationalité britannique par le Secrétaire d’Etat à l’Intérieur Sajid Javid, la jeune femme désormais âgée de 23 ans et toujours en Syrie avait contesté cette décision. Ce 22 février, selon l’agence PA Media, la justice de Sa Majesté a confirmé la déchéance de nationalité.
Le cas de Shamima Begum avait particulièrement marqué l'opinion du fait de son jeune âge lors de son départ pour le Levant. Elle avait quitté son quartier de l'Est londonien avec deux amies. En Syrie, elle avait épousé un djihadiste de Daesh d'origine néerlandaise, de huit ans son aîné, et avait eu deux enfants morts en bas âge.
Après avoir fui les combats, elle s'était retrouvée en février 2019 dans un camp syrien. Enceinte d'un enfant mort peu après sa naissance, ce qui avait suscité des critiques contre le gouvernement britannique, elle a exprimé le souhait de rentrer au Royaume-Uni mais Londres, invoquant la sécurité nationale, l'a déchue de sa nationalité.
Sa famille avait contesté cette déchéance de nationalité. Leur appel a été examiné en novembre par la Commission spéciale chargée des appels en matière d'immigration (SIAC). Début 2020, la SIAC avait jugé que la décision ne faisait pas de Shamima Begum une apatride car elle était Bangladaise par ses parents. Mais Dacca a refusé de l'accueillir car elle n'avait jamais demandé la nationalité bangladaise.
«Je n'ai rien fait dans l'EI à part être une mère et une épouse»
L'enjeu de cet appel était notamment de déterminer si le gouvernement britannique avait des raisons de sécurité nationale légitimes pour empêcher Shamima Begum de revenir au Royaume-Uni.
Lors de l'audience en novembre, la défense de la jeune fille l'a présentée comme une victime d'un trafic mis en place par Daesh. «Cette affaire concerne une enfant britannique âgée de 15 ans qui a été influencée [...] par la machine de propagande efficace et déterminée de l'EI [Etat islamique, autre nom de l'organisation Daesh] pour être donnée en mariage à un combattant de l'EI», avait déclaré son avocate Samantha Knights. «C'est une affaire de sécurité nationale [...] Ce n'est pas une affaire de trafic d'enfants», avait pour sa part affirmé l'avocat du gouvernement James Eadie.
En 2021, Shamima Begum avait supplié le Royaume-Uni de la laisser rentrer. «Je sais que je n'ai rien fait dans l'EI à part être une mère et une épouse», avait déclaré, en débardeur, la jeune femme sur la chaîne ITV. «Le seul crime que j'ai commis était d'avoir été assez stupide pour rejoindre l'EI», avait-elle ajouté. Mais elle avait suscité l'indignation l'année précédente dans une interview où elle n'avait exprimé aucun regret. Elle y arborait alors un voile noir tombant jusqu'aux pieds.