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Orban veut maintenir des liens avec la Russie et suggère aux alliés de la Hongrie d'en faire de même

Dans son discours annuel, le Premier ministre hongrois a affirmé vouloir maintenir des «relations économiques» avec la Russie, suggérant à ses alliés d'en faire de même. Il a également dénoncé une «guerre indirecte» de l'UE contre Moscou.

«Nous maintiendrons nos relations économiques avec la Russie et c'est ce que nous suggérons également à nos alliés.» Lors de son discours annuel sur l'état de la Nation le 18 février, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, s'est montré clair concernant la volonté de l'Etat magyar de conserver des liens avec la Russie malgré le conflit en Ukraine.

Il a par ailleurs dénoncé une Europe «déjà en guerre indirecte avec la Russie», probablement en référence aux nombreuses sanctions prises par l'Union européenne (UE) contre Moscou et au soutien matériel massif apporté à Kiev depuis le début de l'opération militaire russe.

«Le gouvernement hongrois ne juge pas réaliste l'idée selon laquelle la Russie serait une menace pour la sécurité de la Hongrie ou de l'Europe», a-t-il encore ajouté, insistant sur le fait que son pays n'avait «plus qu'un choix : rester en dehors de la guerre». Il a néanmoins reconnu que la tâche serait difficile «en tant que membre de l'OTAN et de l'UE» car, d'après lui, au sein de ces deux organisations, «tout le monde est pour la guerre».

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Viktor Orban refuse catégoriquement de livrer des armes à Kiev, préférant appeler à la conclusion d'un cessez-le-feu et à l'ouverture, dans la foulée, de négociations de paix. Mais force est de constater qu'aussi bien au sein de l'UE que de l'OTAN, son message est pour le moment minoritaire.

Budapest réaffirme son opposition aux sanctions économiques contre la Russie

Dans son discours, le Premier ministre hongrois a vertement critiqué les nombreuses sanctions économiques prises par l'UE contre la Russie, les accusant de favoriser une inflation galopante dans le pays (+25% pour le mois de janvier). Déjà en novembre dernier, le dirigeant conservateur avait estimé que les sanctions européennes contre la Russie étaient un «pas vers la guerre» et avait critiqué une politique «dangereuse».

Un mois plus tard, dans une interview au quotidien Magyar Nemzet réalisée à la veille de Noël, il avait souligné que, selon lui, la Hongrie était «le seul pays européen en dehors de la guerre» en raison de sa position de neutralité vis-à-vis de Moscou. A cette occasion il avait également reconnu que si «les Américains [voulaient] la paix, il y aura[it] la paix», accusant ouvertement Washington de ne pas œuvrer en ce sens pour le moment.

De plus, alors que l'UE prépare un nouveau paquet de sanctions contre la Russie, le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjarto, avait déclaré le 16 février que son pays s'opposerait aux projets de sanctions touchant les approvisionnements pétroliers via l'oléoduc Droujba (qui passe par l'Ukraine, entre autres) et la coopération nucléaire avec Moscou. Selon lui, la Commission européenne continue de proposer des sanctions qui visent à exacerber la crise économique et menacent la sécurité énergétique de son pays. 

Cette nouvelle prise de parole de Viktor Orban concernant le conflit en Ukraine intervient alors que des discussions sont toujours en cours entre Bruxelles et Budapest sur l'octroi de fonds à la Hongrie en échange de la mise en place de réformes anti-corruption. Le chef du gouvernement magyar accuse l'UE de bloquer ces crédits pour des «raisons politiques», notamment en raison de la position hongroise dans le conflit en Ukraine.

Pour rappel : la Russie mène depuis le 24 février 2022 une opération militaire en Ukraine, que Kiev et ses alliés dénoncent comme une guerre d'invasion ne répondant à aucune provocation. Les autorités russes font quant à elles valoir la nécessité de protéger les populations du Donbass, dont les autorités locales sont en conflit avec Kiev depuis 2014 à la suite du coup d'Etat de Maïdan. Moscou a également déclaré vouloir «dénazifier» et démilitariser l'Ukraine.

Jovan Kojadinovic