Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a qualifié le 18 novembre les sanctions de l'UE contre la Russie de «pas vers la guerre», intensifiant ses critiques contre une stratégie bruxelloise jugée «dangereuse».
«Quiconque intervient économiquement dans un conflit militaire prend position», a déclaré le dirigeant conservateur lors d’une interview à la radio. «Petit à petit, nous glissons vers la guerre», a-t-il insisté, s'inquiétant de l'accumulation de mesures prises pour sanctionner l'opération militaire russe en Ukraine.
Orban refuse que l'UE contracte des prêts pour aider l'Ukraine
Viktor Orban s'oppose également à la proposition de la Commission européenne d'accorder à l'Ukraine une aide de 18 milliards d'euros pour 2023, sous forme de prêts dont les intérêts seraient pris en charge par les Etats membres. «La Hongrie ne va pas accepter que les membres de l'UE contractent ensemble des prêts pour aider l'Ukraine», a-t-il déclaré lors d'une conférence, selon des propos rapportés par l'agence de presse MTI.
Il préconise plutôt le versement d'une somme, divisée «équitablement» entre les Vingt-Sept. La Hongrie pourrait fournir jusqu'à 70 milliards de forints (170 millions d'euros) dans le cadre d'un accord bilatéral avec Kiev, a-t-il précisé.
Tout en maintenant des liens avec la Russie, Viktor Orban dénonce régulièrement la stratégie européenne, même s'il a voté l'ensemble des sanctions européennes aux côtés de ses partenaires.
Pour lui, elle est la principale raison des déboires économiques de ce pays d'Europe centrale. L'économie s'est contractée au troisième trimestre (en comparaison du deuxième) et l'inflation dépasse les 20%, atteignant même 45% dans l'alimentation. Le gouvernement a lancé une «consultation nationale» sur le sujet et placardé dans le pays des affiches avec un message flanqué d'une photo de missile : «Les sanctions de Bruxelles nous ruinent.»
Le Premier ministre s'est dit prêt à «combattre» un éventuel nouveau paquet de mesures et à faire en sorte que la Hongrie, très dépendante des hydrocarbures russes, en soit «exemptée», comme c'est le cas pour l'embargo sur le pétrole.
L'UE «sur le point de devenir un belligérant», regrette Orban
«Maintenant nous fournissons des armes destructrices, nous entraînons des soldats ukrainiens sur notre propre territoire, nous imposons des sanctions sur l'énergie [...] Nous devenons partie intégrante» du conflit, a-t-il encore fait valoir lors de son passage sur les ondes radiophoniques.
«On ne nous tire pas encore dessus, mais nous sommes sur le point de devenir un belligérant. L'Europe se livre à un jeu très dangereux», a-t-il conclu.