Dans un communiqué publié le 13 janvier, le ministère russe de la Défense a annoncé avoir pris le «contrôle» total de la ville de Solédar, située en République populaire de Donetsk (RPD, rattachée à la Russie fin septembre après un référendum soutenu par Moscou mais dénoncé par Kiev et ses alliés occidentaux), et en proie à d'intenses combats entre Russes et Ukrainiens depuis plusieurs jours.
«Dans la soirée du 12 janvier, la libération de Solédar a été achevée», a-t-il expliqué, soulignant qu'établir le «contrôle sur Solédar» avait été rendu «possible grâce à la destruction constante de l’ennemi par des avions d’attaque et de l’armée de terre, les missiles et l’artillerie du groupement de forces russes».
Il a par la suite précisé que l'armée russe avait, au cours de ces «opérations de libération», détruit «trois avions et un hélicoptère de l'armée de l'air ukrainienne», «neuf roquettes des systèmes de lance-roquettes multiple HIMARS, Olkha et Ouragan» ainsi que «le système de contrôle» ukrainien.
«L'ensemble des opérations mises en œuvre par le groupement des forces russes a garanti la réussite des opérations offensives des détachements d'assaut visant à libérer Solédar», a-t-il conclu, notant qu'au cours des trois derniers jours, «700 militaires ukrainiens» avaient été mis «hors de combat» et «plus de 300 véhicules et armements de l'armée ukrainienne» détruits.
L'Ukraine dément une prise de contrôle de Solédar par les Russes
Interrogé par l'agence de presse RBK-Ukraine après la publication du ministère, Serguiï Tcherevaty, représentant du commandement de la direction Est de l’armée ukrainienne, a fermement contesté l'affirmation russe. «Non, ce n'est pas vrai. Des combats ont lieu dans la ville», a-t-il fait savoir, sans plus de précision.
La nuit a été chaude, les combats ont continué
S'exprimant à la télévision, et cité par l'AFP, il a ajouté qu'à Solédar, «les forces armées ukrainiennes maint[enai]ent la situation sous contrôle dans des conditions difficiles», accusant la Russie de «diffuser un "bruit informationnel"» visant à «semer la méfiance parmi les Ukrainiens envers [leur] armée». «De petites retraites ou manœuvres ne signifient pas qu'il faille les percevoir comme une grande défaite», a-t-il conclu.
Pourtant, en début d'après-midi ce 13 janvier, un reporter de la chaîne américaine CNN déclarait être témoin de ce qui ressemblait à un «recul organisé» des forces ukrainiennes à Solédar.
Plus tôt dans la journée, la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, avait déclaré sur son compte Telegram : «L'ennemi a jeté presque toutes ses forces principales en direction de [la région de] Donetsk et maintient une offensive de forte intensité [...] La nuit a été chaude, les combats ont continué.»
Solédar, place stratégique vers Bakhmout pour l'armée russe
Depuis quelques jours maintenant, la petite ville de Solédar est le théâtre de combats entre Russes et Ukrainiens, principalement en raison de sa proximité avec Bakhmout (anciennement Artiomovsk), ville visée par les forces russes, également en proie à d'important combats, et carrefour stratégique vers Slaviansk et Kramatorsk depuis Lougansk.
Dans son communiqué, le ministère russe de la Défense a décrit le succès russe à Solédar comme «important pour la poursuite du succès des actions offensives dans la direction de Donetsk».
«L’établissement du contrôle sur Solédar permet de couper les voies d’approvisionnement des troupes ukrainiennes dans la ville d’Artiomovsk située au sud-ouest, puis de bloquer et d’encercler les unités des forces armées ukrainiennes qui y restent», a-t-il déclaré.
Solédar abritait environ 10 000 habitants avant le conflit. L'armée ukrainienne en a fait un point fort de son dispositif dans le Donbass après avoir été délogée en mai de Popasnaïa, dans la République populaire de Lougansk (RPL, rattachée à la Russie depuis fin septembre), et forcée à se replier vers l'ouest.
Le 11 janvier, la société militaire privée (SMP) Wagner, combattant aux côtés de l'armée russe, avait assuré par la voix de son patron, Evguéni Prigojine, avoir pris le contrôle de «tout le territoire» de la ville.
Dans une vidéo mise en ligne le même jour, et tournée dans le centre-ville de Solédar, deux combattants de Wagner avaient affirmé : «La société militaire privée Wagner est en train de mener une opération de nettoyage dans le centre-ville de Solédar, près du bâtiment de l'administration. La SMP Wagner remplit pleinement les objectifs qui lui ont été fixés.»
Une ardeur tempérée plus tard dans la journée par le ministère russe de la Défense. Dans son briefing, il avait déclaré que «les combats dans la ville» se poursuivaient.
De son côté, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, était, lui, resté prudent le 11 janvier lors d'une conférence de presse. «Attendez, ne nous précipitons pas. Attendons les déclarations officielles. Il y a une dynamique positive dans l’avancée», avait-il rappelé.
La prise de Solédar par l'armée russe pourrait déboucher sur une offensive plus large en direction de Bakhmout, située à quelques kilomètres plus au sud-ouest. C'est aussi la conclusion de la Défense britannique, citée par l'AFP, qui a vu dans cet effort pour prendre la ville une probable volonté d'«encercler Bakhmout depuis le nord» et de «perturber les lignes de communication ukrainiennes». Pour Londres, une partie des combats vise aussi à contrôler l'entrée d'une ancienne mine de sel à Solédar car ses tunnels passent sous la ligne de front et pourraient servir à «s'infiltrer derrière les lignes ennemies».
Pour rappel : la Russie mène depuis le 24 février 2022 une opération militaire en Ukraine, que Kiev et ses alliés dénoncent comme une guerre d'invasion ne répondant à aucune provocation. Les autorités russes font quant à elles valoir la nécessité de protéger les populations du Donbass, dont les autorités locales sont en conflit avec Kiev depuis 2014 à la suite du coup d'Etat de Maïdan. Moscou a également déclaré vouloir «dénazifier» et démilitariser l'Ukraine.