L’ancien pape Benoît XVI est mort à 95 ans
- Avec AFP
Joseph Ratzinger est décédé ce 31 décembre au Vatican. Natif de Bavière, il avait été élu pape en avril 2005 sous le nom de Benoît XVI. En février 2013, il avait renoncé à ses fonctions, une première depuis Grégoire XII en 1415.
Le pape émérite Benoît XVI, dont la renonciation en 2013 avait pris le monde entier par surprise, s'est éteint le 31 décembre à 95 ans dans le monastère des jardins du Vatican où il s'était retiré. «J'ai la douleur de vous annoncer que le pape émérite, Benoît XVI, est décédé aujourd’hui à 9h34, au monastère Mater Ecclesiae, au Vatican», a annoncé dans un communiqué le directeur du service de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni.
Son corps sera exposé à partir du 2 janvier 2023 dans le cadre solennel de la basilique Saint-Pierre pour permettre aux fidèles de le saluer. La santé du théologien allemand s'était dégradée ces derniers jours, mais le Vatican avait indiqué le 30 décembre que son état était «stationnaire» et qu'il avait participé à la célébration de la messe dans sa chambre le 29 décembre.
Les funérailles du 265e pape devraient être célébrées par son successeur François à Rome, un événement inédit dans l'histoire deux fois millénaire de l'Eglise catholique auquel des dizaines de milliers de personnes pourraient assister, dont des chefs d'Etats.
Le premier pape de l'ère moderne à démissionner
Son décès met fin à la cohabitation insolite de deux hommes en blanc : l'Allemand Joseph Ratzinger, brillant théologien peu à l'aise avec les bains de foule, et l'Argentin Jorge Bergoglio, jésuite doté d'une parole incisive qui a voulu remettre les pauvres et les migrants au centre de la mission de l'Eglise.
Après huit ans de pontificat marqué par de multiples crises, Benoît XVI avait été rattrapé début 2022 par le drame de la pédocriminalité dans l'Eglise. Mis en cause par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu'il était archevêque de Munich, il était sorti de son silence pour demander «pardon», mais avait assuré ne jamais avoir couvert de pédocriminel.
Sa renonciation, annoncée en latin le 11 février 2013, fut une décision personnelle liée à ses forces déclinantes et non à la pression de scandales, avait-il assuré dans un livre de confidences paru en 2016. Par ce geste, inédit en six siècles, le premier pape allemand de l'histoire moderne a ouvert la voie à ses successeurs, dont les forces viendraient à décliner. L'actuel pape François, âgé de 86 ans et souffrant de douleurs au genou, a lui-même laissé «ouverte» cette possibilité.
Une santé déclinante
Le 28 décembre, le pape François avait appelé à une «prière spéciale» pour son prédécesseur «gravement malade» et était allé à son chevet au monastère Mater Ecclesiae. Le Saint-Siège avait ensuite confirmé l'«aggravation» de l'état de santé du théologien allemand en raison de son «âge avancé», précisant qu'il restait sous surveillance médicale permanente.
«Ce sont ses fonctions vitales qui lâchent, y compris le cœur», avait précisé à l'AFP une source vaticane, ajoutant qu'aucune hospitalisation n'était prévue, la résidence de Benoît XVI disposant du matériel médical nécessaire. Le 30 décembre, le Vatican a organisé une messe à la basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome afin de prier pour l'ancien pape.
Benoît XVI était apparu de plus en plus fragile ces derniers mois, se déplaçant en chaise roulante, mais il continuait de recevoir des visiteurs. Les photos de sa dernière visite reçue, datant du 1er décembre, montraient un homme frêle et visiblement affaibli.
Un pape à la ligne conservatrice
Né en 1927, Joseph Ratzinger a enseigné la théologie durant 25 ans en Allemagne avant d'être nommé archevêque de Munich. Il est ensuite devenu le strict gardien du dogme de l'Eglise durant un autre quart de siècle à Rome, à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi, puis pape pendant huit ans (2005-2013), succédant à Jean Paul II.
En tant que chef de l'Eglise catholique, il a défendu une ligne conservatrice, notamment sur l'avortement, l'homosexualité ou l'euthanasie. Ses déclarations ont parfois choqué, comme sur l'islam ou l'utilisation du préservatif contre le VIH.
Son pontificat fut également marqué en 2012 par la fuite de documents confidentiels («Vatileaks») orchestrée par son majordome. Le scandale avait mis en évidence une Curie romaine (gouvernement du Vatican) minée par les intrigues et dénuée de rigueur financière.
La dernière vidéo de Benoît XVI, diffusée par le Vatican en août, montrait un homme amaigri, muni d'un appareil auditif, ne pouvant plus parler, mais au regard toujours vif.