Iran : la police des mœurs officiellement abolie
Le procureur général iranien a annoncé que la police des mœurs avait officiellement été abolie dans le pays, où des manifestations ont récemment eu lieu après la mort d'une jeune Kurde survenue après son arrestation par la police religieuse.
Répondant à la question d'un participant qui lui demandait «pourquoi la police des mœurs a été supprimée» lors d'une conférence religieuse le soir du 3 décembre dans la ville sainte de Qom, le procureur général Mohammad Jafar Montazeri a déclaré que celle-ci avait été «abolie par ceux qui l'ont créée».
Cette annonce, rapportée ce 4 décembre par l'agence de presse Isna, est intervenue après la décision des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979.
La police des mœurs, connue sous le nom de Gasht-e Ershad (patrouilles d'orientation), a été créée sous le président conservateur Mahmoud Ahmadinejad, pour «répandre la culture de la décence et du hijab». Elle est formée d'hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, qui couvre la tête et le haut du corps. Cette unité a commencé ses premières patrouilles en 2006.
C'est la police des mœurs qui avait arrêté le 13 septembre Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, à Téhéran en l'accusant de ne pas respecter le code vestimentaire strict en République islamique, qui impose aux femmes le port du voile en public. Sa mort avait été annoncée trois jours plus tard, déclenchant un vaste mouvement de protestation. Téhéran avait démenti tout lien entre son décès et l'arrestation, sans convaincre les protestataires.
Des dizaines de personnes, principalement des manifestants mais aussi des membres des forces de sécurité, ont été tuées et des centaines d'autres arrêtées lors de ces rassemblements de protestation, qualifiés d'«émeutes» par les autorités.
Les autorités se penchent sur la loi sur le voile
Le procureur général Mohammad Jafar Montazeri a par ailleurs annoncé que le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient sur la question du port du voile obligatoire, sans préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi.
Il s'agit d'une question sensible en Iran, sur laquelle s'affrontent deux camps: celui des conservateurs qui s'arc-boutent sur la loi de 1983 et celui des progressistes qui veulent laisser aux femmes le droit de choisir de le porter ou non.
Selon la loi en vigueur depuis 1983, les femmes iraniennes et étrangères, quelle que soit leur religion, doivent porter un voile et un vêtement ample en public.
Depuis la mort de Mahsa Amini et les manifestations qui ont suivi, un nombre grandissant de femmes se découvrent la tête, notamment dans le nord huppé de Téhéran. Le 24 septembre, soit une semaine après le début des manifestations, le principal parti réformateur d'Iran a exhorté l'Etat à annuler l'obligation du port du voile.