La déclaration américaine a été franche, et la réponse russe tout autant. Comme l'a relaté le Wall Street Journal le 22 novembre, le directeur adjoint de la CIA David Marlowe a fait part, lors d'une intervention à l'université George Mason (Virginie), de l'intention de l'agence de proposer une «collaboration» à tout citoyen russe opposé à l'intervention de son pays en Ukraine.
«Nous cherchons dans le monde entier des Russes qui sont aussi dégoûtés que nous par cette situation», a ainsi déclaré David Marlowe à l'occasion d'un débat organisé par le Hayden Center, un cercle de réflexion dédié au renseignement. Le directeur adjoint a assuré que la CIA, qui fête cette année son 75e anniversaire, était «ouverte au business» avec tout candidat qui présenterait ce profil.
Cette offre d'emploi très directement formulée n'a pas échappé à l’ambassade de Russie aux Etats-Unis, qui a vivement réagi sur les réseaux sociaux à ces propos en dénonçant ces déclarations. «Nous ne nous bercions pas d’illusions quant aux activités antirusses de la CIA», ironise le communiqué de l'ambassade, rappelant que la volonté des services américains de déstabiliser la Russie, y compris en intervenant dans sa politique intérieure, «est un fait bien connu».
Un pari «voué à l'échec», selon l'ambassade russe
Selon la représentation diplomatique, les déclarations de David Marlowe ne font que confirmer le «cap hostile» adopté par Washington «dans le but d’affaiblir la Russie de l’intérieur» en recourant à des «méthodes subversives sophistiquées». «Tout cela confirme que la crise ukrainienne est inspirée par les cercles dirigeants américains dans le but d’infliger un échec à la Russie», poursuit l'ambassade.
Selon elle, cet objectif a été défini dans le cadre de la nouvelle stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis : dévoilée le 12 octobre, celle-ci dépeint la Russie comme «dangereuse» et fixe l'objectif de restreindre son influence sur la scène internationale.
La représentation diplomatique à Washington voit également, derrière les déclarations du directeur adjoint de la CIA, «le banal désir de se faire bien voir et d’obtenir du Congrès une augmentation du budget de l’agence», et relie cette «ardeur russophobe» du renseignement américain à la volonté de redorer sa réputation «après le fiasco du retrait des forces [américaines] de l’Afghanistan».
Pour autant, l'ambassade souligne que «les tentatives de semer la division dans la société russe sont vouées à l’échec», affirmant que les citoyens russes «soutiennent largement l’opération militaire spéciale» lancée le 24 février.
Le 22 novembre, l'ambassade russe avait dénoncé le «deux poids, deux mesures» des Etats-Unis dans le conflit ukrainien, en critiquant l'absence de condamnation claire après l'exécution à bout portant de soldats russes par les forces de Kiev, un acte constitutif d'un crime de guerre selon Moscou.