Sans surprise, la «très grande annonce» promise par Donald Trump la semaine précédente portait bien sur les élections de 2024. «Pour rendre l'Amérique de nouveau grande et glorieuse, j'annonce ce soir ma candidature à la présidence des Etats-Unis», a déclaré le 15 novembre l'ancien président, âgé de 76 ans, sous un tonnerre d'applaudissements des militants réunis dans la grande salle de réception de sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride.
Promettant une Amérique «de retour», Donald Trump a dressé un tableau flatteur de son premier mandat, derrière un pupitre arborant le slogan «Make America Great Again» (Rendons sa grandeur à l’Amérique) qui avait fait le succès de sa campagne de 2016. «Il y a moins de trois ans, notre nation était au sommet de sa puissance, de sa prospérité et de son prestige, dominant tous ses rivaux, triomphant de tous ses ennemis et avançant vers l'avenir, confiante et forte», a-t-il déclaré.
A l'inverse, l'ancien chef de l'Etat s’est lancé dans un sévère réquisitoire contre le bilan de son successeur, le démocrate Joe Biden, l’accusant de laisser prospérer la violence et la criminalité, de ne pas réussir à contenir la flambée des prix et de ne pas contrôler les «millions» de clandestins en provenance du Mexique. «Joe Biden incarne les échecs de la gauche et de la corruption de Washington», a accusé Donald Trump dans son discours d'un peu plus d'une heure, en lançant quelques piques à propos des maladresses et confusions du président actuel. Après un rappel du retrait désordonné des troupes américaines d'Afghanistan, l'ancien président s'est alarmé du fait que Joe Biden conduise les Etats-Unis «au bord de la guerre nucléaire», en référence au soutien considérable apporté par Washington à l'Ukraine.
«En deux ans, l'administration Biden a détruit l'économie américaine», a aussi lancé le milliardaire républicain, promettant de construire «à nouveau la meilleure économie qui soit». «Les rues pavées de sang de nos villes jadis grandioses sont des cloaques de crimes violents», a-t-il affirmé sur le volets de la sécurité, promettant aussi de «restaurer et sécuriser les frontières de l'Amérique». Face à une telle situation, Donald Trump s'est engagé à ce que Joe Biden «ne passe pas quatre années de plus» à la Maison Blanche, estimant que le pays «ne pourrait pas supporter cela».
Quelques instants plus tôt, Donald Trump avait déposé auprès des autorités électorales américaines sa candidature à l'élection présidentielle de 2024, une première étape officielle. «Cela ne va pas être ma campagne, cela va être notre campagne», a-t-il promis à ses partisans. Il leur a réaffirmé, en outre, sa volonté de «curer le marigot» de Washington, selon sa formule consacrée pour désigner les élites de la capitale fédérale.
Les résultats des midterms, un succès en demi-teinte pour les républicains
Cette nouvelle candidature de Donald Trump intervient après des élections de mi-mandat durant lesquelles les espoirs des républicains de prendre le contrôle du Congrès ont été déçus, les démocrates ayant réussi à garder le contrôle du Sénat. Sans celui-ci, les républicains ne pourront pas adopter de lois contraires aux objectifs de l'administration démocrate, ni bloquer ses nominations de juges, ambassadeurs et responsables gouvernementaux.
Et, malgré la victoire que constitue la conquête de la Chambre des représentants, plusieurs figures républicaines ont subi des défaites, dont Kari Lake, fervente soutien de l'ancien président, qui a échoué sur le fil à devenir gouverneur de l'Arizona face à la démocrate Katie Hobbs.
Donald Trump a lui-même admis que le résultat des dernières élections aurait pu être meilleur. «Beaucoup de critiques ont été formulées sur le fait que le Parti républicain aurait dû faire mieux, et franchement, une grande partie de ces reproches sont fondés», a-t-il reconnu dans son discours de candidature, tout en jugeant que le vote «sera bien différent» en 2024, face à une aggravation selon lui prévisible de la situation du pays.
Avant d'affronter le futur candidat du parti démocrate en 2024, Donald Trump devra l'emporter lors des primaires républicaines, à l'occasion desquelles il pourrait avoir à affronter le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, âgé de 44 ans : réélu triomphalement avec environ 20 points d'avance sur son adversaire démocrate, celui-ci fait figure de nouvelle star du parti. Son succès n'a pas échappé à Donald Trump, qui a déjà envoyé quelques piques et moqueries contre celui qu'il surnomme «Ron-la-Morale».
Enfin, l'ancien président devra surmonter d'autres obstacles sur le chemin d'un éventuel retour à la Maison Blanche, à savoir les enquêtes dont il fait l'objet pour son rôle dans les événements du Capitole le 6 janvier 2021, ou sa gestion des archives de la présidence, qui a donné lieu à des perquisitions du FBI début août dans sa résidence de Floride.
Biden réplique en accusant Trump d'avoir «fait échouer l'Amérique»
Du côté des démocrates, le président Joe Biden n’a pas tardé à réagir à l'annonce de son rival. «Donald Trump a fait échouer l'Amérique», a déclaré l'actuel occupant de la Maison Blanche dans un tweet publié le 16 novembre, alors qu’il participe au sommet du G20 à Bali. Cette courte remarque est accompagnée d'une compilation de vidéos proclamant que son prédécesseur avait œuvré à «truquer l'économie pour les riches», à attaquer l'accès aux soins de santé ainsi que les droits des femmes, ou encore à «choyer les extrémistes», sur fond d’images de l’invasion du Capitole. Le président démocrate a déclaré «avoir l'intention» de se présenter à nouveau, malgré son âge et le fait que sa candidature ne fasse pas l’unanimité dans les rangs des démocrates.