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L'Union européenne suspend l'accord facilitant l'obtention de visas pour les Russes

Le Conseil de l'Union européenne a validé la décision de la Commission européenne de suspendre un accord, qui visait à faciliter la délivrance de visas pour les citoyens russes.

Il n'aura fallut que trois jours pour que le Conseil de l'Union européenne valide la décision de la Commission européenne. Le Conseil a adopté le 9 septembre la suspension totale de l'accord visant à faciliter la délivrance de visas entre l'UE et la Russie. Par conséquent, les règles générales du code des visas s'appliqueront aux citoyens russes.

L'institution européenne a ainsi déclaré dans un communiqué que les Etats membres avaient «formellement convenu de suspendre l'accord avec la Russie visant à faciliter la délivrance de visas à la suite de l'accord conclu par les ministres des Affaires étrangères de l'UE la semaine dernière». La décision s'appliquera à compter du 12 septembre 2022, selon le communiqué. Elle s'inscrit dans la batterie de sanctions européennes visant à condamner l'«opération militaire spéciale» menée par la Russie en Ukraine depuis fin février.

Concrètement, cette nouvelle mesure se traduit notamment par l'augmentation des frais de demande de visa de 35 euros à 80 euros, la nécessité de présenter des pièces justificatives supplémentaires, une augmentation des délais de traitement des visas et des règles plus restrictives pour la délivrance des visas à entrées multiples.

L'accord ainsi gelé entre l'UE et la Russie, datant de 2007, avait pour objectif de faciliter la délivrance de visas de court séjour (pas plus de 90 jours par 180 jours) sur la base de la réciprocité.

Les Russes persona non grata dans l'UE  ?

Cette nouvelle décision de l'UE s'ajoute à la mesure du 25 février dernier qui visait à adopter une suspension partielle de l'accord de facilitation des visas pour les diplomates, autres fonctionnaires et hommes d'affaires russes.

De plus, le 8 septembre, la Pologne et les trois Etats baltes (Lituanie, Lettonie, Esonie) ont annoncé s'être mis d'accord pour restreindre temporairement l'entrée sur leur sol, dès le 19 septembre, des citoyens russes porteurs de visas européens. Les Premiers ministres de ces pays ont exprimé leur inquiétude «face à l'afflux important et croissant de ressortissants russes dans l'UE», considérant que cela devenait «une menace grave» pour la «sécurité publique» de leurs sociétés «et pour l'ensemble de la zone Schengen».

Ces restrictions font écho à une demande du président ukrainien Volodymyr Zelensky formulée dans un entretien publié par le Washington Post le 8 août : le dirigeant appelait alors à déclarer les Russes dans leur ensemble persona non grata afin de les forcer à «vivre dans leur propre monde jusqu'à ce qu'ils changent de philosophie».

La Russie, elle, se dit prête à accueillir les touristes des pays «hostiles»

Commentant l'aval donné le 6 septembre par la Commission européenne pour remettre en cause l'accord sur les visas, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait dénoncé «ces murs de Schengen qu’ils essaient de dresser maintenant pour [les Russes]». «Nous n’allons pas nous isoler», avait-il en outre assuré, avant de poursuivre : «Nous n’avons pas besoin de rendre la pareille et de punir collectivement les citoyens des pays européens», jugeant préférable de «ne pas répondre à la stupidité par la stupidité». 

Ce 9 septembre, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a ajouté, sur la même thématique : «Nous avons dit que nous sommes intéressés à ce que des touristes viennent chez nous, notamment de ces pays que nous appelons hostiles. Pourquoi pas ? Après tout, les gens doivent voir notre pays, et ils doivent comprendre que ce qui est diffusé sur la Russie dans leurs propres pays est un mensonge mais vous ne pouvez leur expliquer cela qu’en les invitant ici.»

Nous avons dit que nous sommes intéressés à ce que des touristes viennent chez nous, notamment de ces pays que nous appelons hostiles

Pour autant, le porte-parole de la présidence russe a précisé que des restrictions qui constitueraient «un comportement absolument inconvenant vis-à-vis de nos diplomates ou envers des participants à certaines rencontres internationales» provoqueraient des réponses au caractère «symétrique», «conformément au principe de réciprocité».