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«Il est impossible d’isoler la Russie», affirme Vladimir Poutine au Forum économique oriental

Lors du sommet consacré à l'émergence d'un monde multipolaire, le président russe a souligné l'inefficacité des sanctions occidentales et les mutations irréversibles de l'ordre international, qui mettent à mal la domination des Etats-Unis.

S'exprimant le 7 septembre à l'occasion du Forum économique oriental à Vladivostok, Vladimir Poutine a réfuté tout isolement de la Russie et dénoncé «la fièvre de sanctions de l'Occident», mettant en avant l'inefficacité des mesures adoptées par les Etats-Unis et l'Union européenne en réponse à l'offensive en Ukraine. Selon lui, ces sanctions nuisent davantage à leurs auteurs qu'à la Russie – qui peut s'appuyer sur ses partenaires asiatiques présents au Forum – et ne sauraient freiner une mutation profonde des relations internationales.

La Russie résiste à l'«agression» économique de l'Occident  

Vladimir Poutine a mis en avant la résistance de l'économie russe aux nombreuses sanctions occidentales, avec un taux de chômage avoisinant les 4%. «Les prévisions économiques sont bien plus positives qu’au début du printemps», a affirmé le chef d'Etat, soulignant que Moscou parvenait à contenir l'«agression» financière, économique et technologique de l'Occident.

Globalement inefficaces, les sanctions contre Moscou «menacent le monde entier», a-t-il lancé, tout en affirmant qu'«il est impossible d’isoler la Russie», connectée à ses partenaires de la zone Asie-Pacifique. Il escompte d'ailleurs une croissance des échanges avec ces pays, grâce à d'importants investissements dans les infrastructures de l'Extrême-Orient russe.

S'exprimant sans détour au sujet des pays occidentaux, le dirigeant russe a mis en exergue le fait qu'ils «violent constamment leurs propres règles, les adaptant à leur conjoncture». En retour, ils se retrouvent, selon lui, en proie à une inflation élevée, alors que «les milieux d’affaires veulent renouer des liens avec la Russie». De manière générale, il a dénoncé, de la part de l'Occident, les «tentatives non déguisées et agressives d'imposer des modèles de comportement aux autres pays, de les priver de leur souveraineté et de les soumettre à leur volonté». Evoquant sa vision de la multipolarité, Vladimir Poutine a affirmé que le monde ne doit pas être basé sur les «diktats» d'un pays qui s'imagine être supérieur aux autres.

La démarche occidentale lui semble cependant vaine, puisque «des changements irréversibles et tectoniques se sont produits dans tout le système des relations internationales», a par ailleurs estimé le président russe. L'ordre unipolaire ancien, marqué par la «domination insaisissable» des Etats-Unis dans l'économie et la politique mondiales vacille, comme l'atteste le recul de l’hégémonie du dollar. «Le nombre de règlements dans cette devise est en baisse», a relevé Vladimir Poutine, citant l’accord récemment conclu entre la Russie et la Chine sur les règlements des livraisons de gaz en roubles et en yuans.

«Il y a d'autres pays prêts à coopérer»

La Chine, un «partenaire stable», fait partie des nombreux pays qui ont «besoin des ressources» russes, a précisé Vladimir Poutine. «Le marché européen était considéré comme primordial par le passé», a-t-il développé, précisant que cela a «cessé» avec début de la crise ukrainienne, en raison des actions des pays européens. «Si l'Europe n'a pas besoin d'avantages, en termes de gaz bon marché de la Fédération de Russie [...] il y a d'autres pays prêts à coopérer», a-t-il enfin souligné. 

L'Occident peine d'ailleurs à convaincre le reste du monde du bien-fondé de sa politique, le président russe constatant que «la majorité absolue des Etats d'Asie-Pacifique n'accepte pas la logique destructrice des sanctions». Revenant sur les craintes d'une crise alimentaire mondiale et les exportations de céréales, il a aussi affirmé que les pays africains ont été «trompés» par des pays «colonisateurs», qui «se moquent de l’intérêt des pays en voie de développement». «Presque toutes les céréales exportées d'Ukraine sont envoyées non pas aux pays en développement et aux pays les plus pauvres, mais aux pays de l'Union européenne», a-t-il dénoncé, soulignant le risque de «catastrophe humanitaire» que représente cette situation.