«L'Europe récolte ce qu'elle a semé. L'attitude de l'Europe envers [Vladimir] Poutine et les sanctions l'ont conduit, qu'on le veuille ou non, à dire : "Si vous faites comme cela, je ferai ceci"», a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan, lors d'une conférence de presse, le 6 septembre, à Ankara.
«Poutine utilise tous les moyens et les armes en sa possession, en premier lieu desquels le gaz naturel. Nous ne le souhaitons pas, mais je pense que l'Europe connaîtra de sérieux problèmes cet hiver», a-t-il ajouté, assurant que la Turquie ne rencontrerait pas, elle, «de tels problèmes».
De son côté, Ankara s'efforce pour l'heure d'entretenir de bonnes relations tant avec Moscou qu'avec Kiev. Si la Turquie a fourni à l'Ukraine des drones militaires, elle a refusé de se joindre aux sanctions occidentales décrétées contre la Russie après le déclenchement de son opération militaire.
Recep Tayyip Erdogan avait annoncé début août un accord sur un paiement partiel en roubles pour les livraisons du gaz russe à la Turquie. Selon des analystes cités par l'AFP, l'accord devrait permettre à la Russie de continuer de livrer la Turquie à travers le gazoduc TurkStream traversant la Mer noire.
En 2021, la Russie a représenté environ un quart des importations de pétrole de la Turquie et 45% de ses achats de gaz naturel.
Une crise énergétique, deux grilles de lecture
Les membres de l'Union européenne, très dépendants du gaz russe, accusent régulièrement Moscou de se servir du gaz comme d'un moyen de pression, en réduisant à plusieurs reprises les livraisons de gaz vers l'Ouest.
De son côté, la Russie fait valoir que les incidents de livraison sont le fait des sanctions occidentales. «Les problèmes de pompage [de gaz] sont apparus à cause des sanctions des Etats occidentaux. Il n'y a aucune autre raison à ces problèmes», a encore affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le 5 septembre.
Parmi les derniers épisodes en date, l'entreprise russe Gazprom a récemment annoncé que le gazoduc Nord Stream, vital pour les livraisons en Europe, serait «complètement» à l'arrêt jusqu'à la réparation d'une turbine, alors qu'il devait reprendre du service le 3 septembre après une opération de maintenance. En cause, selon le groupe pétrolier : les sanctions qui empêcheraient la restitution d'une turbine Siemens, envoyée au Canada pour être réparée. L'Allemagne, où se trouve actuellement la turbine, assure de son côté que c'est Moscou qui bloque le retour de cette pièce-clé.
En tout état de cause, l'arrêt des flux de gaz entre la Russie et l'Allemagne via la mer Baltique accentue les craintes des Européens de devoir faire face à une crise énergétique sans précédent cet hiver.