Si le parti présidentiel de la République en Marche (LREM) a été rebaptisé «Renaissance» en vue de la campagne des législatives, il semble que ce renouveau affiché ne concerne pas l'ensemble des députés de la majorité, ni n'instaure une mise à l'écart de ceux en butte à des accusations de harcèlement, comme l'a relevé Libération.
Ainsi, la députée et avocate Laetitia Avia, qui avait été accusée par cinq ex-assistants parlementaires d’humiliations à répétition au travail, de propos à connotation sexiste, homophobe et raciste – sans oublier une altercation avec un chauffeur de taxi – a-t-elle été réinvestie dans la 8e circonscription de Paris. L'enquête pour harcèlement moral, ouverte à son encontre depuis l'été 2020, n'aura donc pas été jugée par l'état-major de campagne comme un obstacle à sa deuxième candidature dans la capitale.
De la même manière, Sira Sylla a obtenu l’étiquette «Ensemble» (le nom du rassemblement LREM-Modem-Horizons) sur la 4e circonscription de Seine-Maritime, malgré des accusations de harcèlement moral formulées à son égard par plusieurs anciens collaborateurs. Comme le souligne Libération, si l’une de ses anciennes collaboratrices a été déboutée, l'élue comparaît le 10 mai devant les prud'hommes de Rouen pour harcèlement moral, manquement à l’obligation de sécurité et travail dissimulé envers un ancien assistant.
Selon la radio Tendance Ouest, cet attaché a fait état de sollicitations constantes lorsqu'il travaillait pour la députée, dont des appels et des textos nocturnes, ainsi qu'une demande de violation du couvre-feu pendant la crise sanitaire... pour livrer du champagne en pleine nuit à la députée. Le média local précise que la candidature de la sortante aurait fait l'objet de «nombreuses discussions au plus haut niveau», relatant qu'Edouard Philippe aurait même «vivement déconseillé d'investir la candidate» en raison de ces mises en cause. Libération précise par ailleurs que Sira Sylla, avocate en droit du travail de formation, a déjà été condamnée à payer des indemnités à une ancienne salariée pour harcèlement moral et licenciement abusif, décision dont elle a fait appel.
Pour sa part, l'élue s'est récemment présentée sur Twitter comme «une députée accomplie» au terme de son premier mandat parlementaire.
Dans un précédent article, Libération s'était félicité de la mise à l'écart d'autres députés mis en cause pour des affaires de harcèlement ou de licenciements abusifs, dont Pierre Cabaré en Haute-Garonne ou Benoît Simian en Gironde, un tri qui n'aura donc pas été complet pour le scrutin de juin. Une autre affaire récente, cette fois ci à propos de notes de frais extravagantes, a poussé la députée LREM Coralie Dubost à renoncer à briguer un second mandat et à se mettre en retrait de la vie politique.