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Les Etats-Unis confirment l'authenticité des fuites sur leurs réponses aux demandes russes

L'authenticité des documents, publiés par un journal espagnol, a été reconnue par le département d'Etat des Etats-Unis. Qui accuse la Russie d'avoir «rompu la confiance» mais se dit prêt à discuter de certaines de ses demandes en matière de sécurité.

A Washington, le département d'Etat a confirmé l'authenticité des documents publiés le 2 février par le journal espagnol El Pais. Ces documents indiquent notamment que les Etats-Unis et leurs alliés de l'OTAN ont proposé à Moscou des mesures de contrôle des armements et de rétablissement de la confiance.

Ces propositions – présentées dans des lettres de l'OTAN et des Etats-Unis envoyées en réponse aux demandes russes – stipulent fermement que l'Ukraine ou tout autre pays souverain a le droit de demander à rejoindre l'Alliance atlantique.

La réponse américaine suggère par ailleurs la prise d'«engagements réciproques de la part des Etats-Unis et de la Russie de ne pas déployer de systèmes terrestres de lancement de missiles offensifs et des forces permanentes chargées de combattre sur le territoire ukrainien». Washington y propose également que Moscou inspecte certaines infrastructures militaires qui l'inquiètent en Europe.

Les Etats-Unis se disent aussi prêts à discuter de l'«indivisibilité de la sécurité». Le Kremlin se fonde sur ce concept pour réclamer un recul de l'OTAN de son voisinage, arguant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d'autres. Les Occidentaux opposent à cette idée le droit de chaque Etat – et donc de l'Ukraine – à choisir ses alliances.

Washington et l'OTAN demandent encore à la Russie de renouer des liens diplomatiques avec l'Alliance et de renégocier et renouveler avec les Etats-Unis les traités de contrôle des missiles nucléaires.

Moscou est enfin invité à réutiliser le Conseil OTAN-Russie – un organe diplomatique «qui offre le dialogue et le partenariat à la place du conflit et de la défiance», selon ces lettres.

Les Occidentaux estiment que la Russie a «rompu la confiance» mais se disent prêts à «un dialogue diplomatique ouvert»

Le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, s'est exprimé en ces termes : «Nous n'avions pas rendu ces documents publics mais maintenant qu'ils le sont, nous pouvons confirmer ce que nous avons toujours dit, c'est-à-dire que nous sommes unis avec nos alliés de l'OTAN dans notre détermination à engager un dialogue diplomatique ouvert, constructif et sérieux.» «Vous pouvez probablement déduire de ces documents qu'ils ont été étroitement coordonnés», a-t-il ajouté, assurant que leur publication n'était pas de nature à semer la discorde entre Washington et ses alliés européens.

L'OTAN n'a pas souhaité faire de commentaire, pas plus que le Kremlin, qui prépare actuellement sa propre réponse formelle à ces propositions.

Depuis plusieurs semaines, Washington et certains de ses alliés accusent la Russie d'envisager une invasion du territoire ukrainien. Moscou dément catégoriquement et réclame des garanties écrites concernant sa sécurité, telles que le rejet d'une adhésion de l'Ukraine à l'OTAN et la fin du renforcement militaire de l'Alliance atlantique à l'Est – notamment dans les ex-républiques soviétiques. Par la suite, la diplomatie russe a précisé que Moscou demandait un retrait des troupes étrangères de l'OTAN de certains pays d'Europe (parmi lesquels la Roumanie et la Bulgarie), afin de «revenir à la configuration de 1997 sur le territoire des pays qui n’étaient pas membres de l’OTAN à cette date».

Aucun autre partenaire n'a eu de telles propositions

Les Occidentaux ont écarté tout retrait de l'OTAN à l'Est, tout en appelant dans leur lettre à des «discussions sincères à propos du contrôle des armes» et à un dialogue avec la Russie fondé sur «la transparence mutuelle et des mesures de rétablissement de la confiance». «Aucun autre partenaire n'a eu de telles propositions», ont-ils affirmé. Les Etats-Unis et l'OTAN estiment que la Russie a «rompu la confiance» et menace «les principes fondamentaux de l'architecture de sécurité euro-atlantique», mais ils se disent prêts à «étudier des arrangements ou des accords» avec elle – y compris des documents écrits et signés – pour «répondre à [leurs] inquiétudes sécuritaires respectives», écrivent-ils.

Washington et l'Alliance préviennent toutefois compter renforcer leurs positions défensives dans la région en cas d'«augmentation du déploiement russe» ou de «nouvelle agression contre l'Ukraine» – une référence, notamment, au rattachement de la Crimée à la Russie à l'issue d'un référendum en 2014, que les Occidentaux considèrent comme une annexion illégale.