France

Antilles : un gendarme blessé par balle, couvre-feu prolongé en Guadeloupe et Martinique

Le couvre-feu est prolongé en Guadeloupe et en Martinique sur certaines communes en raison de la poursuite des troubles et des barrages. A Saint-Martin, un gendarme a été blessé par balle aux deux jambes, mais ses jours ne sont pas en danger.

Un gendarme a été blessé le 2 décembre à Saint-Martin dans le cadre des violences et barrages qui bloquent depuis deux semaines les Antilles et qui ont entraîné dans la journée la prolongation du couvre-feu en Guadeloupe et en Martinique.

La Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin connaissent un fort mouvement social, né du refus de l'obligation vaccinale pour les soignants et les pompiers. La colère s'est étendue à des revendications politiques et sociales, notamment contre la vie chère, occasionnant violences, pillages et incendies. Les trois îles sont placées sous couvre-feu.

A Saint-Martin, petite île qui dépend de la Guadeloupe, des affrontements ont opposé jeudi la gendarmerie à un groupe de personnes au niveau de Sandy Ground et de la Baie Nettlé, où les forces de l'ordre tentaient d'évacuer une carcasse de voiture sur la route, et un gendarme a été blessé.

En fin de matinée, à l'entrée de la Baie Nettlé, la gendarmerie a fait savoir qu'elle avait «essuyé trois salves de tirs» en direction des militaires sur le terrain. Un des gendarmes a reçu une balle, qui a traversé sa jambe gauche et s'est logée dans la droite. «Ses jours ne sont pas en danger», a déclaré la gendarmerie. 

Des balles de calibres différents ont été retrouvées et le  lieutenant-colonel Wintzer, cité par l'AFP précise : «Il s’agirait plutôt de gros calibre, d’armes de poing.»

Le préfet Serge Gouteyron, préfet de Saint-Barthélémy et Saint-Martin a annoncé la mise en place dès le 2 décembre, et au moins pour 24 heures, d’un couvre-feu à Sandy Ground, de 21h à 5h, et l'arrivée de «renforts humains, de matériels et d’unités spéciales [...] Certains profitent de la situation pour commettre des braquages à main armée», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Le préfet de Guadeloupe Alexandre Rochatte avait également décidé le 2 décembre de proroger le couvre-feu en Guadeloupe du fait de «la poursuite des troubles à l'ordre public dans certaines communes». Un communiqué faisait état de «l'interpellation d'individus armés» et de «la persistance de rassemblements destinés à barrer les axes de circulation [ou encore] d'incendies de barrages».

L'interdiction de sortir restera donc effective entre 18h et 5h jusqu’au 7 décembre, sur 21 communes, dont Pointe-à-Pitre, précise le communiqué.

Deux îles sous haute surveillance

Les élus guadeloupéens ont de leur côté rencontré pendant quatre heures «le collectif des organisations en lutte» pour tenter de sortir de la crise, mais la réunion a surtout abouti à réclamer une nouvelle fois «la venue d’une mission interministérielle permettant d’obtenir des engagements fermes sur les points relevant de la compétence de l’Etat ou nécessitant son implication renforcée».

Les négociations avec Sébastien Lecornu, arrivé en Guadeloupe pour une visite express le 29 novembre, avaient tourné court en raison du refus des syndicats de condamner les «tentatives d'assassinat contre des policiers et des gendarmes». 

En Martinique, le ministre a promis d'ouvrir les discussions sur «l'adaptation des modalités d'application de la loi sur l'obligation vaccinale», déjà reportée du 15 novembre au 31 décembre.

Le 2 décembre encore, la gendarmerie nationale a lancé sur l'île une grande opération de démantèlement de tous les blocages de ronds-points. Déjà dans la nuit précédente, gendarmes et police nationale étaient intervenus sur les sites de Mahault et de la Brasserie Lorraine, au Lamentin, donnant à ces lieux des allures de zones de guérilla urbaine. 

Selon la gendarmerie, plusieurs déblocages de ronds-points se sont cependant déroulés dans le calme, notamment celui de Fond-Lahaye, situé sur la commune de Schoelcher, qui coupaient les 20 000 habitants du Nord-Caraïbe du reste de l'île ou encore celui de Rivière-Pilote dans le sud.