France

Les étudiants qui avaient accusé des enseignants d'islamophobie à Grenoble mis hors de cause

La section disciplinaire de l'Université de Clermont-Auvergne est allée à l'encontre des préconisations de la ministre de l'Enseignement supérieur en relaxant 16 des 17 étudiants ayant accusé d'islamophobie deux enseignants de l'IEP de Grenoble.

L'Institut d'études politiques de Grenoble a annoncé dans un communiqué que les étudiants qui avaient accusé d'islamophobie deux de leurs professeurs ont été relaxés par une instance disciplinaire, qui est ainsi allée à l'encontre des préconisations de la ministre de l'Enseignement supérieur.

La section disciplinaire de l'Université de Clermont-Auvergne, où avait été dépaysé le dossier, a relaxé le 26 novembre 16 des 17 étudiants, un seul faisant l'objet d'une «sanction d'exclusion temporaire prononcée avec sursis», selon le communiqué de la direction de l'Institut d'études politiques (IEP). Celle-ci dit «prendre acte» de cette décision, révélée par Le Monde le 26 novembre. Publié la veille, le communiqué ne précise pas les motivations de cette commission de discipline.

Celle-ci va en tout cas à l'encontre de la position de la ministre Frédérique Vidal, qui avait appelé dans Le Figaro début mai l'IEP à sanctionner rapidement les étudiants qui avaient publiquement diffamé des professeurs, à l'appui des conclusions d'un rapport commandé sur l'affaire.

Dans son communiqué du 25 novembre, la direction de l'IEP dit espérer que ces décisions «consolideront le dialogue constructif entamé avec l’ensemble des communautés de l’établissement depuis la rentrée». Elle y affirme défendre fermement «la liberté d’expression et la liberté académique, la liberté d’association et le droit syndical». «Ces libertés sont également accompagnées de responsabilités individuelles que l’ensemble des membres de la communauté universitaire s’engage à respecter», tempère néanmoins le communiqué.

Des rumeurs d'islamophobie qu'«aucun témoignage» ne permet «d'accréditer», selon une enquête 

Le 4 mars, des étudiants avaient placardé à l'entrée de l'institut des affichettes accusant nommément deux professeurs d'«islamophobie». Des accusations ensuite relayées sur les réseaux sociaux par des syndicats étudiants, dont l'Unef (classé à gauche).

L'affaire avait déclenché l'ouverture par le parquet d'une enquête pour «injure publique». Le gouvernement avait dénoncé la mise en danger des enseignants par ces étudiants, ciblant notamment l'Unef, qui avait reconnu une initiative «maladroite et dangereuse».

«Tous les acteurs de cette affaire ont commis des erreurs d'appréciation, des maladresses, des manquements et fautes plus ou moins graves», soulignait un rapport de l'inspection de l’Education nationale. Cependant, pour l'inspection, les principaux coupables restaient les étudiants ayant taxé les deux professeurs d'«islamophobie» ou relayé ces accusations sur les réseaux sociaux – d'autant qu'elle indiquait n'avoir trouvé, au fil de son enquête, «aucun témoignage permettant d'accréditer les rumeurs d'islamophobie» des deux professeurs.

Le 10 mars, la directrice de l'IEP Sabine Saurugger avait «condamné très clairement» les affiches. Elle avait en revanche estimé que l'un des professeurs visés avait tenu des propos «extrêmement problématiques» sur l'islam. A l'origine des accusations, se trouve notamment un échange de mails véhéments datant de novembre et décembre 2020 à propos d'un cours sur l'islam entre un professeur d'allemand – dont le nom a été mentionné sur les affiches – et une historienne.