Depuis le 22 juin, une vidéo estampillée Sciences Po d'une chercheuse du CNRS professant à l'université du Connecticut, Mathilde Cohen, circule sur les réseaux sociaux. Celle-ci dénonce la «blanchité alimentaire» dans la culture française et estime notamment que la cuisine hexagonale «renforce la blanchité comme identité raciale dominante».
Le syndicat étudiant de droite Uni, section Sciences Po, a immédiatement déploré la promotion de ce discours par la prestigieuse école, estimant que «les racialistes de Sciences Po continuent leurs horreurs et inventent "la blanchité alimentaire"». «La cuisine française serait raciste et contribuerait à la suprématie blanche… Mais qu’attend-on pour faire respecter nos traditions et couper toutes subventions à ces "chercheurs"?», ajoute l'Uni sur Twitter.
Plusieurs personnalités se sont également dites choquées face au discours de la chargée de recherche, à l'instar du membre honoraire de l'Assemblée nationale Paul Giacobbi, qui déplore «autant de sottises en si peu de mots, une usurpation se faisant passer pour "Sciences Po"». «Reste à concocter un discours sur le "blanchité" du bœuf bourguignon… pas évident», ironise l'ancien député du Parti radical de gauche.
L'école parisienne a essayé le 25 juin d'éteindre la polémique sur Twitter, en estimant qu'il ne s'agissait ni d'«un cours, ni [d']un discours, ni [d']une position officielle de Sciences Po», ajoutant que les arguments de Mathilde Cohen n'«engagent» pas l'établissement.
Pour l'Institut d'études politiques de la rue Saint-Guillaume, la chercheuse a simplement présenté ses travaux «lors d’un séminaire de recherche intitulé "La semaine doctorale intensive"». Et de se justifier : «Sciences Po ne promeut aucune théorie ni école de pensée particulière. Notre université accueille, dans le cadre du débat scientifique, la pluralité des approches contemporaines des sciences humaines et sociales, dans le respect du cadre déontologique de la recherche.» Cette semaine doctorale s'est déroulée entre le 14 et le 18 juin, en partenariat avec l'Ecole doctorale Droit et Science politique de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense.
Certains contestent l'approche scientifique d'une telle vidéo. L'éditorialiste Joseph Macé-Scaron fait a réagi avec scepticisme aux réponses fournies par Sciences Po : «Etes-vous sérieux ? La vidéo en question porte bien le logo "Sciences Po" et en quoi nourrit-elle le "débat scientifique" dont vous parlez dans votre thread [fil Twitter] ?»
Sciences Po Paris n'en est pas à sa première polémique. Dernièrement, Le Figaro étudiant dévoilait que ses étudiants avaient été encouragés à utiliser l'écriture inclusive dans leurs copies d'examen afin de récupérer des points bonus.