France

Grenoble : l'un des enseignants accusés d'islamophobie déplore le manque de soutien de ses collègues

Klaus Kinzer, l'un des deux enseignants accusés d'islamophobie au sein de l'IEP de Grenoble, assure ne pas être soutenu par le corps enseignant. Aujourd'hui en congé maladie, l'enseignant décrit «une guerre» au sein de l'établissement.

Interrogé sur LCI le 8 mars, l'un des deux enseignants de l'IEP de Grenoble accusés d'islamophobie, le professeur d'allemand Klaus Kinzer, a déploré le manque de soutien de la part de ses collègues, et dénoncé une guerre idéologique au sein de l'établissement. 

«Il y a un noyau dur de gens qui me soutient mais c'est une minorité. La majorité, surtout ces derniers jours [...], m'est maintenant franchement hostile. De plus en plus hostile, par des emails, qui sont vraiment assez intolérables. Pour beaucoup, je suis celui qui porte la responsabilité de cette situation qui ternit, bien sûr, l'image de l'établissement», a-t-il confié. 

Poursuivant son propos, le professeur d’allemand décrit «une guerre» au sein de l'établissement entre une minorité qui défend la liberté du débat, la liberté des divergences d’idées et une majorité qui «ne défend pas ça et qui voit en [lui] et envers les gens qui veulent avoir une parole libre, des adversaires». L'enseignant s'est par ailleurs dit victime de pressions de la part des étudiants et précise que ses médecins lui ont conseillé de prendre du recul. A l'heure actuelle, le professeur n'enseigne plus et est déclaré en congé maladie.

Une évaluation en cours pour déterminer les dangers qui pèsent sur ces deux personnalités

Répondant à une autre question du journaliste sur le lien supposé entre ces accusations d’islamophobie et le drame qui s’est déroulé dans l’affaire de Samuel Paty, le professeur d'allemand à l'IEP de Grenoble assure qu'il essaye de «ne pas trop faire ce lien» au risque de créer une «situation dangereuse».

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a par ailleurs annoncé le 8 mars que les deux enseignants qualifiés publiquement d'islamophobes et accusés de fascisme par des étudiants à l'Institut d'études politique (IEP) de Grenoble faisaient désormais l'objet de mesures de protection qui pourraient être renforcées. Gérald Darmanin a par ailleurs ajouté avoir demandé plus tôt une «évaluation par la cellule Uclat [Unité de coordination de la lutte antiterroriste], c'est-à-dire ceux qui évaluent les dangers qu'il y a sur les personnalités».

A l’origine de cette polémique, des affiches nominatives avaient été apposées le 4 mars sur les murs de l’IEP pour dénoncer l’islamophobie supposée de deux enseignants, Klaus Kinzer et un autre enseignant qui ne souhaite pas s’exprimer sur l’affaire. Ces affiches avaient notamment été relayées par l'Union syndicale Sciences Po Grenoble (US) dans un appel sur Facebook le 22 février, en expliquant qu'elle souhaitait faire «retirer» cet enseignement «des maquettes pédagogiques pour l'année prochaine si, lors de ce cours, des propos islamophobes y étaient dispensés comme scientifiques».