«Des petits guetteurs prétentieux» : un syndicat de police agacé par les points de deal à Marseille
Une séquence de l'émission Quotidien du 30 août montrant des guetteurs filtrer le passage des voitures à l'entrée d'une cité de Marseille a fait réagir le Syndicat des commissaires de la Police nationale qui demande une loi de la part de l'exécutif.
Un reportage diffusé le 30 août de l'émission Quotidien sur les points de deal de drogue dans le quartier des Flamants, au nord de Marseille, a fait bondir le Syndicat des commissaires de la Police nationale (SCPN). Dans la séquence télévisée, un jeune homme masqué par un foulard explique au journaliste le système de filtrage des voitures à l'entrée de la cité pour empêcher la police d'intervenir : «Vous voyez Monsieur Macron quand il fait sa loi ? Les gens qui sont autour de lui, toute la France l'écoute. Ils obéissent. Les gens qui veulent rentrer dans le quartier, c'est pareil. Ils obéissent», décrit-il.
«La police rentre partout et intervient partout. Ce n'est pas une barrière tenue par des petits guetteurs prétentieux devant des journalistes qui l'en empêche. Pour plus d'efficacité il faut que le législateur fasse du guet sur un point de deal un délit !», a réagit le SCPN dans un message sur Twitter ce 31 août.
La #police rentre partout et intervient partout. Ce n’est pas une barrière tenue par des petits guetteurs prétentieux devant des journalistes qui l’en empêche. Pour plus d’efficacité il faut que le législateur fasse du guet sur un point de #deal un délit ! #Quotidien#Marseillehttps://t.co/VIsvmZQINU
— Commissaires de la Police Nationale SCPN (@ScpnCommissaire) August 31, 2021
15 victimes de règlements de compte en 2021
Avec 156 points de deal recensés à Marseille en février par le quotidien local La Provence (220 dans tout le département), soit «deux fois plus que des bureaux de poste», Marseille est gangrénée par le trafic de drogue qui génèrent des sommes considérables : jusqu'à 80 000 euros par jour dans la cité des Oliviers.
Des sommes qui attisent les convoitises et des guerres de territoire, avec des victimes de plus en plus jeunes. Le 18 août, un tireur arrosait de balles de Kalachnikov un point de deal, tuant un adolescent de 14 ans. Depuis, trois personnes ont été tuées, portant à 15 le nombre des victimes des règlements de compte depuis le début de l'année, dont 12 au cœur de l'été.
Pour lutter contre ces réseaux, le ministre de l'Intérieur a promis 300 policiers supplémentaires à Marseille d'ici 2023, dont 100 sont arrivés cette année dans les Bouches-du-Rhône, en plus de deux compagnies de CRS (120 personnels) désormais basées en permanence dans la ville. Selon le maire PS Benoît Payan, 800 agents de la Police nationale manquent encore.
Comme un écho à la réaction du SNCP face à la séquence de Quotidien, l'ancien commandant de police Jean-Pierre Colombiès, qui a grandi dans les quartiers nord de Marseille, est revenu le 26 août pour RT France sur la récente vague de règlements de compte : «D'un gouvernement à l'autre de toute façon, une certaine gauche décomplexe les caïds et la droite déstructure le service public. Ce ne sont pas les flics qui ont abandonné ces secteurs, c'est l'Etat.»