Agé de 28 ans, Damien T. est jugé en comparution immédiate ce 10 juin. Il est accusé d'avoir giflé le président de la République française, Emmanuel Macron lors de sa visite à Tain-l'Hermitage (Drôme) le 8 juin. Le jeune homme encourt jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.
Quand j'ai vu son regard sympathique et menteur qui voulait faire de moi un électeur, j'étais rempli de dégoût
Selon les informations de BFMTV qui cite son reporter présent dans la salle d'audience, Damien T. assure ne «pas du tout» nier les faits qui lui sont reprochés. Le jeune homme explique notamment : «Il a voulu me serrer la main [...] j'ai hésité à le faire». Il relate également : «Quelques jours avant, on avait envisagé de lancer un œuf ou une tarte à la crème.» Puis, selon la même source : «Je pensais pas pouvoir le voir d'aussi près», avant d'en venir au cœur de son geste : «Quand j'ai vu son regard sympathique et menteur qui voulait faire de moi un électeur, j'étais rempli de dégoût.»
Le mis en cause reconnaît également que sa gifle était «plutôt violente», d'après BFMTV. Se reconnaissant lui-même comme proche des Gilets jaunes, selon les premières fuites de l'enquête dans la presse, Damien T. relate également les heures qui ont précédé l'agression : «Dans la voiture, quand on attendait, on avait envisagé de faire quelque chose de marquant, de l'interpeller sur des sujets politiques, de prendre un gilet jaune ou un drapeau français mais on s'est ravisé.» Il souligne aussi avoir vu «des gens se faire expulser par la gendarmerie» et en a déduit, toujours selon des propos rapportés par la chaîne d'informations : «Ca m'a donné un sentiment d'injustice.»
Damien tente en outre de relativiser son geste : «Je ne pense pas que ce geste puisse en inspirer un autre car il est suffisamment extrême.» Mais il revendique également : «Je me sentais investi par ce que représentent les Gilets jaunes qui avaient été expulsés avant et par le peuple français en général. [...] J'estime que les gilets jaunes et le peuple français s'expriment mais que leur avis n'est pas écouté», avant d'ajouter : «La violence physique n'est qu'un dernier refuge.»
Il se dit également «proche de la droite» et assume : «Je me dis patriote.» Il explique également son engagement associatif local en soulignant sa volonté d'apporter à sa commune «qui est une ville mourante».
18 mois de prison requis
Le procureur requiert contre lui 18 mois de prison sans aménagement de peine avec mandat de dépôt et explique à la cour : «Je ne demande pas d'amende mais je vous demande d'envisager de prononcer à son encontre une interdiction définitive d'exercer une fonction publique». Il réclame également un interdiction du droit de vote pour cinq et une interdiction de détention d'arme pour la même durée.
Interpellé avec Damien T., son camarade Arthur C. va quant à lui se voir délivrer une convocation en justice pour la fin du second semestre 2022, afin de répondre des infractions en lien avec des armes détenues illégalement trouvées à son domicile.
Résidant à Saint-Vallier, au nord de Valence, les deux hommes avaient été arrêtés tout de suite après la gifle infligée au chef d'Etat. Ils sont «tous deux inconnus des services judiciaires et des services de renseignements» et membres d'associations de leur commune «en lien avec les arts martiaux, le Moyen-âge et l'univers manga», selon le procureur de la République Alex Perrin, cité par l'AFP.
Lors de sa première audition, Damien T., en couple, sans enfant, sans profession, avait reconnu «avoir porté un coup au chef de l'Etat et avoir prononcé des paroles dénonçant la politique». Il avait affirmé avoir «agi d'instinct et "sans réfléchir" pour exprimer son mécontentement», selon Alex Perrin.
Emmanuel Macron dénonce un acte «imbécile et violent»
Ce 10 juin, Emmanuel Macron a qualifié son agression d'acte «imbécile et violent» lors d'un entretien accordé à BFMTV.
Tout en considérant que «la vraie violence ce n'est pas ça», le président de la République a mis en garde contre la banalisation de ce type d'acte, dans la mesure où «quiconque porte une autorité publique, a droit au respect», évoquant notamment les nombreux cas d'agressions de maires.
Le 8 juin, à l'occasion d'une interview au Dauphiné, Emmanuel Macron avait dénoncé des «faits isolés», commis par «des individus ultraviolents» qui ne doivent pas, selon lui, «prendre possession du débat public».